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Klver : Puanteur De Charnier / Klver

KLVER - Puanteur De Charnier / Klver

SkullLine, 2014

Dark Ambient, France

CD

Quand deux des plus intéressantes entités de la chapelle Dark Ambient hexagonales joignent leurs forces le temps d'un split, cela ne peut qu'aboutir à une espèce de bête sonore d'une terrifiante puissance. Dont acte.

Pourtant, Puanteur de Charnier et Klver, puisque c'est d'eux dont il s'agit, n'ont à priori pas grand chose en commun si ce n'est leur nature viscéralement solitaire, l'un (le premier) forgeant un art pulsatif aux confins d'une transe martiale, l'autre (le second donc) tricotant une bande-son aussi glaciale que désincarnée. Pour être différentes, leurs participations respectives se fondent néanmoins en un magma cohérent teinté d'étrangeté.

Editée à 88 exemplaires par Skullline, l'oeuvre aligne dix pistes, les cinq premières signées par Puanteur de Charnier, les quatre dernières, par Klver tandis que la sixième se veut le fruit de leur copulation, manière de charnière entre ces deux univers antinomiques qui s'enchaînent l'un à l'autre.

Pour qui ne connaîtrait pas son géniteur, la première moitié a de quoi surprendre, sinon déranger, ensemble de titres assez courts souvent parasités par des samples et discours dans divers langues, bribes vocales qui fusionnent avec un substrat, menaçant parfois (\"Generalleutnant Tanz\"), vibrant d'une force souterraine toujours (\"Oratores Bellatores\"). Le tout conserve toutefois une sorte de musicalité hypnotique (\"Andronovo\" et ses nappes synthétiques hantées). C'est perturbant mais toujours doté d'un pouvoir d'envoûtement déglingué.

Klver, quant à lui, délivre une contribution de pure Dark Ambient comme il en possède le style et le secret. Ceci étant, bien que ruminant un art aux codes immuables, le projet sait constamment se renouveler. Preuve en est encore une fois avec ces quatre plages d'une inquiétante froideur dont la troisième se pare d'oripeaux presque symphoniques, une symphonie aux couleurs de la décrépitude. Leur simple numérotation (de I à IV) commande de les absorber en un seul bloc, édifice aux dimensions cyclopéennes enfoncé dans les arcanes de la terre. En l'espace d'une petite vingtaine minutes qui passent (beaucoup) trop vite, l'homme installe un climat oppressant sinon malsain aux confins du fantastique, à l'image du premier segment, pulsation trippante en forme d'érection ferrugineuse.

Au risque de se répéter, il parait inutile de vouloir détailler ces plaintes suffocantes tant celles-ci palpitent d'un éclat des plus subjectifs, hermétiques pour une majorité mais gonflées d'une sève enveloppante et magnétique pour une minorité d'élus.

Childeric Thor - 8/10