Winterkalt Records, 2012
Depressive Black Metal, Slovaquie
Tape
Il ne faut parfois (vraiment) pas grand chose pour attirer l'oeil, les cimes d'une forêt avalés par le brouillard en noir en blanc, par exemple, visuel pourtant franchement peu original, charriant tous les clichés du True Black mais néanmoins toujours aussi beau dans sa lugubre majesté. Du déjà vu cent fois auparavant et ça marche car ce paysage ouvre comme une porte, manière d'invite vers des promesses à la mélancolie hivernale. Sans cette pochette, peut-être serions-nous tout simplement passés à côté de ce split au tirage limité à 50 exemplaires en format cassette.
Encore que le seul nom de Korium, l'un des deux protagonistes en présence, suffit à lui conférer un intérêt certain. Celui-ci comme tout bon artisan des bois, affectionne les alliances avec d'autres misanthropes de son espèce, à la renommée généralement encore plus confidentielle que la sienne, exception faite de TRIST avec lequel le Slovène a partagé une tape en 2007. Cette fois-ci, il s'associe avec AT DUSK, projet américain lui aussi d'un seul homme, Korihor, lequel délivre deux plaintes de plus de dix minutes chacune.
Ce sont deux longues dérives funéraires où la laideur d'un chant maladif le dispute à de mornes ambiances que mine une inexorabilité déchirante. Ainsi, macération paresseuse, \"We Had All Gone Away\" finit par injecter son venin funeste en distillant un mal-être profond, que balaie pourtant très vite la contribution d'un Korium toujours aussi monumental dans sa décrépitude solitaire. Sur un substrat pollué que racle une guitare au son décharné, affreusement dissonante, un chant hurlé et lointain vient percer la nuit comme autant de fissures d'où suinte une noirceur bouillonnante et minérale.
Une écoute attentive témoigne que l'homme a une manière bien à lui de sculpter un Black Metal dépressif, signature qui tient autant à ce son sale et ferrugineux qu'à cette langueur aussi opaque que pétrifiée qui semble venir de très loin, du fin fond d'une forêt brumeuse. Il y a également cette répétition déglinguée, ce rythme qui ne file jamais droit, ces accords qui se traînent comme une limace sous valium, sans compter ces claviers sinistres qui répandent un suaire hanté comme lors des ultimes mesures de \"Cakanie Na Dotyk Mrzu Pt. II\", seconde volet d'un diptyque aux allures de transe hypnotique.
A l'arrivée, voici un split excellent car unissant deux entités complémentaires autant dans le fond que dans la forme d'une mortification douloureuse, flagellants sillonnant les sentes froides d'un bois chargé de tristesse.