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Kvity Znedolenykh Berehiv : Za Nebokray Mriy

KVITY ZNEDOLENYKH BEREHIV - Za Nebokray Mriy

Auto-production, 2014

Atmospheric Doom Death Metal, Ukraine

CD

Quand les repères - textes, biographie... - auxquels on a l'habitude de s'accrocher manquent, ne demeure donc plus que la musique. C'est ainsi le cas de Kvity Znedolenykh Berehiv dont la jeunesse (moins d'un an au compteur) et surtout la langue - l'ukrainien - qu'il privilégie au détriment de l'anglais (ce n'est pas grave), ne facilite à priori pas sa découverte.

A peine savons-nous qu'il s'agit du projet d'un seul homme, un homme de goût assurément qui habille sa première démo d'un bel écrin et cite à son égard quelques perles du Doom atmosphérique et hivernal que sont Lethian Dreams ou Remembrance, dont les noms sonnent comme d'alléchants d'appâts.

En deux plaintes d'une dizaine de minutes chacune, Kvity Znedolenykh Berehiv esquisse un art profondément mélancolique dont la beauté automnale exsude d'un socle boisé et terreux. Si les références annoncées paraissent évidentes, une différence ne vous aura certainement pas échappée : point de voix éthérées ici, au chant émotionnel de la sirène Carline Van Roos, Dmytro Pryymak préfère un registre plus masculin et surtout plus extrême (quelques ligne de chant clair surgissent néanmoins par moment), rapprochant davantage son projet des prémices de Lethian Dreams et du norvégien The Fall Of Every Season dont il partage une même sensibilité froide et minérale.

Drapé dans une production dépouillée, évoquant le son du Uk doom des années 90, le résultat séduit grâce à ses riffs taillés dans la roche, burin creusant des mélodies obsédantes belles comme un chat qui dort. Lancinant, le rythme nous engourdit peu à peu, malgré de rares et modestes accélérations, avant de nous attirer au fond d'un puits de tristesse, une tristesse qui semble infinie. Tout y figé, comme prisonnier d'une gangue de désespoir, convoquant des images de mers gelées, de forêts nappées de brume.

Cette démo possède ce petit charme de l'artisanat simple et sincère, faisant oublier les maladresses et son manque de variété, de nuances. Il y a quelque chose indéfinissable dans ce modeste projet qui capte l'intérêt ; c'est peut-être bien ce qu'on appelle une âme...

Childeric Thor - 7.5/10