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Lebenssucht : Fucking My Knife

Lebenssucht - Fucking My Knife

Auto-production, 2016

Depressive Black Metal, Belgique / Bulgarie

EP CD

Même si la musique lui sort littéralement par les trous de nez, les (très) nombreux projets qui occupent Déhà sont souvent avant tout une histoire de famille, celle d'artistes, inspirés toujours, avec lesquels il partage amitié et un goût similaire pour un black metal torturé et pétri d'une noirceur mortifère. Lebenssucht le voit s'associer par exemple avec un autre mercenaire du plat-pays, ex Enthroned (entre beaucoup d'autres) Ahephaim, poursuivant une collaboration entamée avec Vaer. La chanteuse S Caedes, partenaire de ce dernier dans Humanitas Terror Est, complète ce line-up resserré.

Cette alliance assure déjà à ce groupe sa valeur intrinsèque, les standards de qualité de ces musiciens n'étant plus à démontrer, mais garantit surtout une teneur riche en négativité. Fucking My Knife, leur carte de visite n'est peut-être qu'un EP mais sa (trop) courte durée suffit à déflorer un potentiel maladif et puissamment viscéral. En trois plaintes gangreneuses, le trio esquisse avec une lame rouillée, baignant dans ce sang menstruel, un art noir aussi hystérique que décharné que hante une folie prolifératrice qui permet à cet opuscule de s'extraire du caniveau du black bêtement suicidaire.

Il y a là une forme de démence corrosive et sournoise qui ronge tout et enfonce corps et âme ces pistes dans les profondeurs hallucinées d'un corridor possédé qui serpente dans les entrailles d'un asile, témoin ce Fucking My Knife terminal et définitif qui résonne de cris terrifiants et de bruits stridents au bord d'une copulation ambient bruitiste et dégénérée. D'une lancinance convulsive, Beloved Depression atteint des sommets de décrépitude, rumination obsédante qu'irriguent un chant écorché et des riffs venimeux dans une architecture crépusculaire aux structures déchaînées. Evoquant de manière lointaine le Shining originel lorsque Niklas Kvarforth n'était pas encore ivre de lui-même, Until I Die imprime un tempo qui confine à la transe, reptation implacable dans un charnier pétrifié. Connectés grâce à un fluide evil, les trois personnages de cette pièce au souffle aliéné, se fondent en une créature tapie dans l'inconscient, qui hurle et lacère l'esprit.

Eu égard aux multiples projets que besognent ses membres, espérons que Lebenssucht ne reste pas comme tant d'autres groupes, un one shot aussi prometteur soit-il…

Childeric Thor - 8/10