La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Left Alone... : Home Find Me...

Distant Voices, 2015

Depressive Black Metal, Etats-Unis

Demo CD

Après Sadness, Distant Voices poursuit sa collaboration avec Elisa, jeune musicien d'origine mexicaine, âgé de vingt ans, qui enregistre des offrandes comme d'autres vont au cabinet. Souffrant d'une sorte de priapisme musical, associé à un mal-être qui semble infini, cette âme solitaire ne peut conserver sa semence que pour un seul projet, préférant au contraire se démultiplier même si l'humus dans lequel il aime à se repètre reste plus ou moins identique, errant quelque part entre art noir dépressif et black metal enkysté de miasmes shoegaze.

Toujours au stade de la démo (six au total pour le moment), Left Alone... est l'une de ses concubines suicidaires qu'il besogne à côté de son principal port d'attache. Publiée à l'origine par Depressive Illusions Records, l'hostie a droit aujourd'hui à une seconde peau grâce à notre précieux artisan qui la réédite, habillé d'un nouvel artwork réalisé par l'artiste maison Anna M.(Aube Grise). Le bonhomme y récite trois psaumes qui étirent soixante minutes d'une désolation misérable, fidèle en cela à des standards dont il ne se départira sans doute jamais. Petite soeur de Sadness, cette entité rumine toutefois un black plus doloriste encore.

Ce faisant, Left Alone... trempe ses pinceaux dans une palette plus noire que son aîné, quand bien même les premières mesures de So Cold..., pleurées par un piano pétrie de contrition, macèrent davantage dans le sirop que dans le mazout, impression confirmée par le reste de la complainte qui se traîne inutilement sans jamais vraiment s'enfoncer dans les abysses, contrairement à l'éponyme Left Alone qui voit le flagellant marcher sur les pas sinistres d'un Woods Of Desolation. De fait et même s'il ne pourra jamais fouiller les ténèbres avec la négativité requise, on préfère Elisa dans ce registre plus crépusculaire qu'ombrageux.

Avec peu, il parvient à trancher les veines d'où s'écoule le flot d'une tristesse sans fin (Einsam). Quelques accords et un timbre écorché lui suffisent pour appuyer sur l'interrupteur et plonger la chambre dans une obscurité que peuple tout un cortège de regrets et de souvenirs désenchantés. 

Childeric Thor - 7/10