Roadrunner, 2007
Thrash metal, USA
Album CD
J'ai longtemps hésité à faire la chronique de cette galette. J'ai été à nouveau confronté à un dilemme: d'un côté, un excellent album, et d'un côté, un groupe que je ne peux (plus) pas encadrer! Le fait qu'un éminent collègue me rappelle, à juste titre, que Machine Head soit sur « l'excellent label que je kiffe trop », Roadrunner, a bien failli foutre cette chronique aux oubliettes... Je ne sais pas encore qu'est-ce qui m'a décidé à enfourcher mon clavier pour écrire cette chronique, peut être les excellents riffs de « Aesthetics of hate », allez savoir... Rentrons donc vite dans le vif du sujet avant que je ne change d'avis. 6ème album pour la bande à Robert (Flynn), et si je dois bien avouer que je n'ai jamais écouté (très) attentivement les cinq premiers, celui-ci m'a paru supérieur sur de nombreux points. Je ne sais pas s'ils ont « sous-traité » pour cette album, mais niveau quantité de riffs et solos, on est servi! Le problème aurait pu être l'indigestion, mais il n'en est rien! Conscient de la richesse musicale de ces/ses morceaux, Robert n'est jamais tombé dans une quelconque bouilli. La pochette quant à elle est soit un attrape nigaud trve black metaleux evil soit une blague de mauvaise goût, dans les deux cas, rien de bien glorieux... Les autres n'étaient pas des plus réussis, celle-là l'est mais ne correspond en rien à la musique du groupe! Peut être que la pochette du septième sera la bonne... Le Robert (pas le dico hein!) se justifie: « C'est une gravure datant du quinzième siècle représentant un squelette assis sur un trône, dont le pied est posé sur le monde et la main gauche tient un miroir où est écrit « Le miroir qui ne flatte pas ». Nous avons choisi cette illustration car cet album est un miroir braqué sur nous-mêmes et notre société ». Dans ce cas...
La galette débute avec l'excellent, et aussi long, « Clenching the fists of dissent ». 10min 35 pour ce morceau, Robert ne nous avait pas habitué à ça (ça ne passera jamais sur MTV, on a dépassé le format habituel et obligatoire des 3min, faudrait peut être penser à lui dire...) et pourtant les trois derniers morceaux frôleront aussi de très près la barre des dix minutes! Première surprise. Morceau véritablement épique, celui-ci débute avec une guitare acoustique qui ne laisse présager que l'arrivé de l'artillerie lourde! Lourde, on peut le dire, entre les samples de guerre et la présence de trois (!) guitares. Les riffs envoient indéniablement la patate, même si niveau originalité, ce ne sera pas le moment fort de cet album. Du pur Machine Head, sûrement dans l'optique de rassurer et de mettre en confiance à l'auditeur. Seul la partie, vers les 6min30, avec son esprit quasi hardcoooore (des chœurs gueulent « Fight », passage ultra formaté pour le live, me rappelant le morceau « Defeatist » d'Hatebreed sur « Supremacy ») m'a un peu énervé. Le morceau suivant « The Beautiful Mourning » laisse place à quelque chose de plus mélodique, principalement au niveau des lignes de chant mais aussi sur le solo. Robert montre que c'est un vocalist de qualité, quitte parfois à en faire trop, j'ai cru teinter un « This is our last goodbye » sur le refrain, c'est un coup à sortir son mouchoir ça... L'un des meilleur morceau arrive cependant juste après cette « période de doute », « Aesthetics of hate ». Beaucoup plus rentre dedans que le morceau précédent, très homogène, un morceau ultra efficace comme sait les faire Machine Head. Les parties de chant sont là beaucoup plus agressives et ne racontent en rien une histoire d'amourette pour collégiens (à moins que celle-ci ne se soit mal terminé! héhé) Après un passage assez saccadé, on aura le droit à une « battle » de solos entre Phil Demmel et Robb Flynn, l'avantage d'avoir deux solistes dans le groupe comme un certain... Slayer! Très bon morceau, une des valeurs sures de cette galette! « Now I lay thee down » sera, quant à lui, le morceau le plus posé de ce « The blackening ». Peu de choses à dire, c'est bien fait, peut être un peut trop prévisible, tout du moins pour le début de la compo. On aura le droit à d'excellentes parties de tapping (de basse SVP) sur le refrain. La suite est plus énervée et efficace, difficile de ne pas headbanguer (discrètement) sur ce morceau. On retrouvera d'ailleurs cette même manière de procéder sur le dernier morceau, « A Farewell to Arms »: un début très calme et posé, pas loin d'être catalogué « lovemetal », puis un autre visage de la compo, beaucoup plus thrash et rentre dedans avec gros riffs ultra efficace, déboule. Dave McClain se déchaîne comme un malade derrière ses fûts. On aime ou on n'aime pas cette manière de composer, mais difficile de rester insensible dans tous les cas. « Slanderous » ira quant à lui droit au but, un morceau sans concession et autres fioritures (et mine de rien, ça fait du bien!). L'un des autres excellents morceaux de cette galette, bien lourd, bien gras, en un mots: efficace! Je ne serai pas étonné de retrouver ce morceau sur une des setlist du groupe. Le solo me fera (légèrement) penser à du Kirk Hammett (d'un certain... et puis merde!). C'est au tour de « Halo » de débouler, et autant vous le dire de suite, c'est le morceau qui m'a le plus interpellé et surtout mitigé. À la première écoute, difficile de résister: c'est en quelque sorte le condensé de tout ce que sait faire de mieux Machine Head. Riffs ultra efficaces, solos démentielles, parties de chant aussi bien sauvage que mélodique, c'est sans nul doute le morceau qui reste après une écoute de cet album. Mais en s'y penchant de manière un peu plus intentionné, on se rend compte qu'en fin de compte, ça ne sonne pas très naturel et, surtout, sincère! Les parties « mélodiques » sont beaucoup trop mielleuse, proche d'un groupe de pop niaiseux! Même les plus durs d'entre vous seraient tenter de sortir (une nouvelle fois) le mouchoir pour sécher des larmes qui seraient coulées par inadvertance! Les parties de caisse claire, assez militaire, et la présence de chœur ne font qu'un peu plus accentuer cet « effet »! Le morceau « Wolves » est un (putain) condensé de riffs! Ça part vraiment dans tous les sens. J'avais lu dans une interview du père Robert que ce morceau contenait pas moins de 75 riffs! 75! C'est l'équivalent de la discographie de certains groupes, qu'on ne citera pas, par politesse... Si c'est vrai, impressionnant! On ne peut pas dire que les ricains soient en manque d'inspiration, surtout que ceux-ci sont pour la plupart excellents! Très technique, très thrash metal (même chose?), voila un morceau qui en live devrait mettre tous le monde d'accord, même les gars de la sécu!
Voici un album qui, indéniablement, est très riche musicalement, c'est sûrement pour ça qu'il m'a particulièrement touché. Les nombreux et excellent riffs à harmonique embellissent grandement leur musique. Cependant tout n'est pas parfait! Comme je l'ai dit en exorde, je n'apprécie pas des masses le groupe et force est de constater que le groupe a réitérer toutes les choses qui me trou le cul avec cette galette! Je n'aime déjà pas ces refrains mielleux de Robert qui nous lâche des « I love you » comme s'ils en pleuvaient! Certains passages me font trop penser à de la musique de « boys band », je n'apprécie pas forcément que l'on me caresse AUTANT dans le sens du poil! Je résumerai cet album à une sorte de « piège », difficile de ne pas aimer même si au fond de nous on sait que Robert et ses potes ont composé ces morceaux pour avoir un bon gros tas de billets verts! Chose réussite d'ailleurs, « The blackening » est (déjà!) l'album le plus vendu de Machine Head. Un seul conseil donc pour conclure cette chronique, voici un bon album mais qui, niveaux intégrité et sincérité, risque de faire des déçus. Vous êtes prévenus...