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Marla Singer : Marla Singer

M & O Music, 2020

Stoner grungy, France

Album CD

Marla Singer est un nom qui évoquera bien entendu pour beaucoup un personnage du Fight Club de David Fincher mais aussi celui retenu par un trio marseillais qui a craché son jet séminal en 2020. Ils sont donc trois dont une fille, ce qui n'est jamais pour déplaire : Eva derrière les fûts contre lesquels se frottent les manches à six-cordes de Fab et de Alex. Tous les trois se partagent le chant. Vous aurez noté l'absence de basse, ce qui ne s'entend pas vraiment à l'écoute de cette brûlante rondelle. Au vrai, le groupe n'a pas besoin de cet instrument pour mouiller du gros son.

Dans un registre stoner goudronneux trempé dans l'huile d'un garage rock mâtiné de grunge, Marla Singer frappe déjà fort. Remuant et bourru, énergique et trapu, ce premier album est ramassé (moins de trente minutes au garrot) mais n'a pas besoin de plus pour déflorer le potentiel de ses géniteurs. Rongées par le chant rageur et rugueux de Fab auquel les parcimonieux chœurs féminins assurés par Eva se mélangent parfois avec charme et efficacité ('Death Rattle'), ces huit saillies exsudent une espèce de force tranquille ('Felling It', certainement un des titres les plus grungy du lot), directes et sans fioritures.

Mais non sans idées car chacune d'entre elles trahissent un mélange détonnant de décontraction furieuse et de sophistication, à l'image de 'Burn Away' irrigué par des guitares aventureuses. Curieusement (ou pas), alors qu'il transpire le rock par tous les pores ('Anger'), ce galop d'essai atteint ses moments les plus jouissifs lorsqu'il serre le frein à main comme en témoignent d'une part 'Sandman', pulsation reptilienne aussi moelleuse que déchirante et évident point G de l'écoute, puis d'autre part 'Never Forget', conclusion bucolique et néanmoins désertique aux accents un peu bluesy nimbée d'ambiances du plus bel effet.

Entre stoner, garage rock et grunge, Marla Singer accouche d'un premier album aussi rafraichissant que prometteur dont la sève bouillonnante est canalisé par un sens des atmosphères calmes mais teintées de mélancolie.

Childeric Thor - 7/10