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Mastodon : Leviathan

MASTODON - Leviathan

Relapse Records, 2004

Hardcore progressif, USA

Full-length

Il y a le metal bourrin, avec des gros riffs et des tempos ultra-rapides qui ne mollissent jamais. Et puis il y a Mastodon. En matière de progressif tirant sur le sludge, avec toutefois un côté core bien affirmé il faut reconnaître que ce groupe tient le haut du pavé. Ne serait-ce que pour Leviathan, une galette trois fois nommée album de l'année pour 2004. Avec trois titres (sur dix) déjà publiés comme singles et un deuxième CD bonus en édition limitée, on se doute que ce n'est pas le premier groupe venu, et c'est le cas.

Tout d'abord, la batterie. Il n'est pas d'usage de commencer par là, mais dans Leviathan, c'est ce qui accroche immédiatement l'auditeur. Brann Dailor, le batteur possède un jeu du tonnerre, avec des breaks ultra-jouissifs presque tout le temps et une technicité hors norme. Sans parler des légers changements de tempo ou de gamme, qui font de chaque titre un condensé d'explosivité assez hallucinant. Très carrés, les riffs de batterie font en même temps spontanés (je dis \"font\", car pour en arriver là, Brann Dailor a dû aller plus loin que le simple...) comme l'univers marin, duquel Mastodon s'inspire depuis toujours. Dans cette logique, Leviathan est un album-concept basé sur le roman Moby Dick .
D'un titre à l'autre, on passe de la sueur des efforts (\"Blood and Thunder\") à la haine (\"I am Ahab\", Ahab étant celui qui veut tuer la baleine Moby Dick et qui échoue, emporté dans l'océan par son propre harpon), puis la puissance (\"Iron Tusk\") pour ne citer que quelques-uns des titres. Niveau guitare, il y a quelques séquences assez simples, mais elles se suivent au fil des breaks en se répétant très peu. Du délire en barre ! On s'imagine volontiers sur l'océan, voguant au hasard des vagues déchaînées, ou profitant d'une éclaircie dont on sait qu'elle sera forcément passagère. La musique de Leviathan est aussi puissante dans son genre que le gros poisson sur la pochette. Des passages calmes, assez rares, renvoient aux solos de lead qui viennent de temps en temps éclairer l'univers en perdition de Mastodon. Il faut bien être sur un bateau pour voir le léviathan ; Leviathan incarnerait, du coup, plutôt la mer que les personnages qui sont dessus (ou dedans), l'histoire elle-même plutôt que ses héros... Sauf s'ils décèdent !
Pour un amateur de black metal crade, cela semble d'abord policé, notamment à cause d'une production très bien dosée et d'un chant dont les cris ne sont pas poussés au maximum (ce qui ne les empêche pas d'être fort agréables à l'écoute), jusqu'à ce qu'on rentre dans l'univers du groupe.
Et là... Pas de doute. Rien que pour la batterie, Leviathan mérite son titre d'album de l'année. Je ne crois pas qu'il soit exagéré de dire que Brann Dailor, ici, est au progressif ce que Hellhammer est (était ?) au black. Niveau claque festive, Mastodon en connaît un rayon, et niveau éclectisme, il y a de quoi boucher un coin au coreux habituel comme au blackeux qui s'ennuie.
Inutile de l'acheter, puisque cet album a eu un gros succès. Si vous êtes un trve radin autant qu'un trve tout court (et puis, autant banquer pour des groupes un peu plus UG), le téléchargement vous tend les bras. Et si Hadopi était sur un bateau, je suis sûr qu'une énorme baleine sortirait de la mer pour découper net le frêle esquif !

Geodaxia - 9/10