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Mhönos : Humiliati

MHÖNOS - Humiliati

Le Crépuscule Du Soir, 2011

Drone Black Metal rituel, France

CD

Plus que Miserere Nostri , son premier office, ce sont bien ses cérémonies en public, parfois devant seulement une (trop) petite dizaine de personnes, en comptant large, comme ce fut le cas en ouverture de DANISHMENDT à Paris, qui ont fixé la personnalité tant sonore que visuelle de MhÖnos et sa bande de prêtres à l'identité encapuchonnée. En tentant de capturer les vibrations proches d'une transe hypnotique que celle-ci délivre lors de ces messes étouffées par la brûme, Humiliati , sa seconde prêche, le démontre, dont les allures de rituel sont plus marquées encore que sur sa devancière. A l'origine accessoire liturgique et solitaire de Frater Stéphane (que les fidèles du regretté HYADNINGAR connaissent bien), l'entité est rapidement devenue une confrérie à part entière capable de performances où fusionnent Black Metal incantatoire et Drone mortuaire. Le projet y a beaucoup gagné.

Scindé en trois longs - voire franchement interminables - psaumes, Humiliati est donc au confluent de Miserere Nostri et du \"Live\" - terme maladroit s'il en est - édité de manière artisanale et confidentielle, Rotomagus Ritualis qu'il surpasse néanmoins, oeuvre organique à la dimension religieuse qui se mérite, à laquelle on adhère ou que l'on rejette en bloc. Seuls les flagellants et les pénitants les plus dévoués réussiront à franchir les épreuves qu'elle arbite.

Car il en faut de la dévotion pour parvenir au bout des trente quatre minutes que dure \"Alveus Terra\", première des trois plaintes, la plus proche des happenings sonores offerts par les musiciens et porte d'entrée aride dans sa lenteur rituelle où rien ne semble se passer hormis les roulements d'une batterie fantomatique auxquels viennent peu à peu se greffer des psalmodies incantatoires. Une fois traversé ce chemin de croix, la récompense commence ensuite peu à peu à fendre le brouillard qui drape Humiliati tel un suaire. Manière de pause en même temps que passerelle entre les deux longs caveaux creusant de leur cavité morbide l'album, \"Ex-Nihilo... Ad Nihilum\" a quelque chose d'une lente pulsation Ambient qui tel un venin s'insinue dans les veines, enténèbrée par un chant abyssal d'une pronfondeur tellurique aux accents shamaniques.

S'il parait de prime abord être la partie la plus accessible (tout est relatif) de ce retable en trois pans, fort de son attaque nerveuse en ouverture sous la forme d'un frottis de cordes sur fond de rouleaux rythmiques, \"Mortificare\" épouse en fait les couloirs aussi tortueux que tentaculaires d'un labyrinthe suffoccant que percent les cris de Necropiss de THE ARRIVAL OF SATAN. Après une morbide déambulation au-dessus d'un gouffre qui voit MhÖnos tricoter des instants comme figés, engourdis, la plainte s'enfonce ensuite progressivement au fond des arcanes d'un cauchemar sans fin aux portes du Black Metal suicidaire, un art noir gangrené par la folie et qui aurait copulé avec le Drone le plus sinistre.

Nonobstant les qualités de son prédécesseur, on a vraiment l'impression qu'avec Humiliati , longue mortification de plus d'une heure, ode à la mort et au néant, MhÖnos a trouvé sa voie, église invertie d'un absolu nihilisme, à la fois plus personnelle et plus aboutie.

childeric hor - 8/10