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Morthus : Into Oblivion

Auto-production, 2014

Black Metal, Allemagne

Auto-production

Démarrons ces quelques lignes par les choses qui fâchent (un peu). Alors qu'il a vu la nuit il y a déjà quatre ans, longue période que certains aurait rempli jusqu'à la gueule de démos et autres splits, soit tous les signes de mort qu'affectionnent généralement les hordes noires, Morthus commence lui juste à cracher sa semence qu'il n'a d'ailleurs pas très généreuse, pour le moment du moins, puisque Into Oblivion n'est qu'un EP, lequel ne franchit même pas la barre des vingt minutes au compteur.

Ceci étant, on leur pardonnera cette apparente paresse car cette petite hostie laisse (peut-être) augurer de grandes choses à l'avenir, si ses géniteurs ne disparaissent pas des écran-radars d'ici là ! Alors certes, quatre titres, relativement courts qui plus est, c'est peu mais toutefois suffisant pour remarquer un potentiel qui fait plus qu'affleurer à la surface d'un black metal dont la moelle mélodique n'en étouffe heureusement pas la sombre essence. Comprendre donc que les Allemands s'inscrivent dans une certaine tradition, à la fois abrupte et heavy, sillon creusé en leur temps par DISSECTION et SACRAMENTUM.

Rien de très novateur, comme l'illustrent autant le nom du groupe que celui de cette carte de visite, ni d'indispensable à l'horizon mais qu'importe car Morthus, dont ce n'est pas la prétention, maîtrise son sujet. Simples – ce qui ne signifie pas qu'ils soient pauvres – et toujours dynamiques, ces quatre titres galopent avec vélocité à travers un terrain meurtri, parcouru de fissures implacables. Les Teutons ne sont d'ailleurs jamais aussi bons que lorsqu'ils serrent (un peu) le frein à main, dressant alors une lourde et venimeuse verge, imprimant un tempo digne d'un panzer, témoins les breaks saignants qui perforent Symphony Of The Black Death. Dommage cependant qu'ils ne se montrent pas plus nuancés dans leur écriture dont les mêmes ficelles sont plus ou moins à chaque fois reproduites d'un morceau à l'autre, quand bien même Blinded By The Holy Light se distingue par ses premières mesures plus lentes.

Voilà donc à l'arrivée une première offrande solide bien qu'éprouvée, au goût de trop peu et dont les qualités restent à confirmer, sculptée par un groupe qu'on souhaite à l'avenir plus actif...

Childéric Thor - 7/10