Earache, 2007
Electro Metal, Norvège
CD remix
Encore un nouvel enregistrement de Mortiis... les enregistrements s'accumulant, il est peut-être temps de faire un rappel de qui est Mortiis et surtout de ce qu'il a accomplit sous ce nom... Initialement Mortiis était le bassiste et le parolier de EMPEROR qu'il a quitté avant In the nightside eclipse pour développer des travaux personnels hors du champ du black metal. Au milieu des années 90, Mortiis a ainsi développé une forte entitié musicale en composant trois albums totalement au synthé dans une veine atmosphérique sombre, médiévale, symphonique et épique avec tout un univers visuel (notamment une longue vidéo); chacun de ces trois albums, dont les deux meilleurs sont sortis sur COLD MEAT INDUSTRY le label de référence en dark ambient/indus, reposait sur la même structure: deux longs morceaux de 20 mn conçus comme des voyages avec des ambiances très mélancoliques et épiques; de pur chef-d'oeuvres. A suivi Crypt of the wizard sur le propre label de Mortiis (réédité aujourdhui sur EARACHE avec une pochette ridicule), une collection de travaux plus courts devant sortir initialement en 45 tours. En même temps Mortiis travaillait sur d'autres projets solo aux synthés plus ou moins réussis (l'excellent FATA MORGANA, VOND, le très mauvais CINTECELE DIAVOLUI) puis Mortiis a signé chez Earache, a renouvelé son style, auquel parfois on reprochait d'être figé, mais de manière efficace avec The stargate en 1999: des morceaux plus courts mais très épiques, vraiment bien malgré une pochette ridicule qui peut-être devait préfigurer la suite...
De Mortiis, ce qu'il reste aujourd'hui mise à part le logo, c'est bien son légendaire \"gros pif\" et ses oreilles d'elfes agencé à un style très cool et moderne, Mortiis qui désormais est devenu un quatuor. Mortiis a sombré dans un espèce d'electro-metal/rock indus de très mauvais goût, un peu pop, avec grosses guitares, une voix affreuse à la limite du supportable, parfois saturée, parfois claire, des beat electro très cool et une ambiance cool également, le tout sans rien de novateur et sans émotions, qui doit puiser dans des groupes comme NIN et des trucs electro-crossover ou electro-goth... Cette période a été initiée avec l'album The smell of rain en 2001 (effet an 2000?), mais avec The grudge en 2005, Mortiis a encore franchi une étape vers la nullité, l'album se veut plus percutant, sans les voix pop et le coté plus mélodique du précédent, mais je ne sais pas Mortiis semble vraiment pas fait pour l'eletro-metal indus... Mortiis est loué comme novateur, pourtant c'est bien aussi là le problème, rien de novateur là dedans, où il est loin d'être le maître semblant prendre le plus mauvais du metal indus et electro...
Bref nous voilà donc à ce nouvel album Some kind of heroin qui est en fait un album de remixes du pitoyable The grudge car que ce soit de Mortiis ou pas, force est d'avouer qu'en soit cet album est d'une fadeur et d'une nullité bien marquées... quoique peut-être en le remixant ça pourrait passer mieux?!? C'est la grande question... Mortiis est rentré dans la logique classique des groupes d'electro/indus avec des remixes sans fin entre groupes; ce n'est donc pas Mortiis qui a remixé son album mais bien tout le \"gratin\" de l'electro-indus / metal indus (VELVET ACID CHRIST, FUNKER VOKT, GIRLS UNDER GLASS, THE KOVENANT, GOTHMINISTER, IMPLANT et même IN THE NURSERY) avec la même mauvaise logique de mettre plusieurs fois le même titre; parmi les 16 remixes proposés, on retrouve par exemple 4 remixes de \"The grudge\", 3 de \"Gibber\" qui n'était pas en soit un hit, 2 de \"Broken skin\", 2 de \"Way too wicked\", 2 de \"The worst in me\", et un titre de \"Underdog\", \"Twist the knife\" et \"Decadent and desperate\" sorti en single; donc 3 titres échappent donc au jeu des remixes, et les titres sont dispersés ça et là.
La plupart des remixes ont gardé l'affreuse voix de Mortiis et ont simplement touché la musique car ce sont des remixes et non des reprises. Comme on peut s'y attendre les meilleurs titres sont ceux qui s'éloignent le plus de l'original, et non ceux des formations de metal-indus (les cools GOTHMINISTER et THE KOVENANT qui gardent l'aspect grosses guitares sur percus cools), comme par exemple les géniaux VELVET ACID CHRIST qui ne pouvait que rattraper le coup sur \"Gibber\" qui rendent le morceau plus percutant et lui enlève sa fadeur et son mid tempo cool, tout comme FUNKER VOGT sur \"Broken skin\" ou encore les surprenants DOPE STARS qui transforment \"Decadent and desperate\" (ma fois un bon titre contrairement à la musique originelle) en vrai metal-indus à la MINISTRY, excellent et loin donc de la soupe fade chiante initiale. Evidemment la reprise par IN THE NURSERY (vieux groupe culte précurseur de l'indus symphonique, de l'atmosphérique néo classique; très surprenant de les voir ici) ne pouvait que donner une autre dimension bien plus émotionnelle et majestueuse (que Mortiis a perdu, ironique non?) à \"The worst in me\", et c'est intéressant de voir la rencontre des deux, mais avouons que la voix de Mortiis gâche encore tout. C'est le principe du remix: les groupes apportent leur touche, gardant un élément (la voix par exemple), en changeant un autre (le rythme, les percus,...) et on comprend qu'il pourrait suffir de peu pour faire quelque chose de mieux, en même temps il reste la base de The grudge donc pas évident; la moitié des remixes se révèlent mieux. Le problème reste un peu toujours le même, des groupes comme VELVET ACID CHRIST et FUNKER VOGT, grand habitués du jeu des remixes font avant tout leur style.... L'autre moitié des remixes tourne autour de la soupe fade qu'est The grudge avec dosage variable des grosses guitares et rhymes cools. Au final: mieux que le vrai The grudge ...