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Mystic Rites : Threads

Auto-production, 2018

Black Metal, Pologne

EP CD

Commençons par les choses qui fâchent (un peu). Alors qu'il a vu la nuit il y a six ans maintenant, Mystic Rites ne semble toujours pas décidé à franchir l'étape du EP pour offrir - enfin - le premier véritable méfait que Invoking The Lost Spirits (2013) puis Grin As The Jewel Kingdom Falls (2014) nous laissaient espérer. Threads n'est donc pas cette offrande tant attendue mais une nouvelle courte ration (17 minutes au jus).

Ceci étant, les Polonais se fendent encore une fois d'excellentes compositions, loin du brouillon, de l'ébauche que ce format mal aimé peut faire craindre. Mieux, Threads et And So The Silence Died peuvent même être considérés comme ce que le duo a enfanté de plus élaboré depuis ses débuts. Sans s'éloigner de ce black metal reptilien qui rampe aux confins du death, Mystic Rites atteint clairement cette fois-ci l'étage du dessus en terme d'écriture et d'ambiances malsaines. Deux pistes donc, deux sombres labyrinthes aussi tortueux qu'agressif.

Du haut de ses neuf minutes au compteur, le titre éponyme ouvre l'écoute. Après une longue et pulsative entame que vrille une guitare abrasive, Threads démarre enfin, conquérant et bestial. Chant possédé et blasts aux quatre vents écartèlent cette saillie qui, à mi parcours, voit son tempo se figer, prisonnier d'une geôle sinistre que pénètrent des riffs pollués. L'atmosphère se fait plus pesante, plus evil encore tandis que les deux musiciens tricotent des instants meurtris au-dessus d'un puits sans fin. Nimbé d'effluves inquiétantes, le pouls battant au rythme d'une batterie tribale, And So The Silence Died est lui aussi travaillé de l'intérieur par de multiples forces entre death abyssal et black metal rongée par une lugubre négativité qu'égrènent autant cette voix comme échappée du fond des âges que cette guitare aux allures de scalpel labourant la peau.

Court mais intense, ce EP nous donne plus que jamais l'envie d'entendre bien davantage de la part d'un groupe au potentiel évident.

Childeric Thor - 7/10