Auto production, 2011
Atmospheric Black Metal, Royaume-Uni
CD
Nhor est un mystère, un vrai. L'artiste, complet, aussi bien musicien que photographe et graphiste, qui se cache derrière ce projet ne laisse quasiment rien filtrer quant à son idendité, projet qui n'existe qu'à travers un site web minimaliste, seul contact avec le monde matériel qui lui permet de diffuser son art sonore qui prend, pour le moment du moins, la forme de petites offrandes à l'édition ultra limitée d'une dimension artisanale évidente.
Certains ont peut-être découvert le Britannique au détour de la précieuse compilation Whom The Moon The Nightsong Sings , offerte par le label Prophecy et à laquelle il participait entre d'autres noms plus prestigieux tels qu'EMPYRIUM ou LES DISCRETS, d'autres par le biais d'un premier essai éponyme dévoilant une sorte de Néofolk squeletique instrumental d'une déchirante beauté ou d'un EP plus dépouillé encore ( Upon Which Was Written Within The Stars ). C'est à chaque fois un nouveau visage que Nhor présente, bien qu'ils soient tous complémentaires, comme les divers côtés d'un même édifice brumeux, poétique dans sa peinture épurée d'une nature étrange et bucolique.
Personnalité insaisissable, l'Anglais se fend aujourd'hui d'une troisième oeuvre qui, si elle semble vouloir aller à contre-courant de ses devancières en cela qu'elle fait plus que s'enfoncer dans un substrat Black Metal grésillant, elle n'est en réalité qu'une déclinaison plus extrême d'une signature fixée depuis le début. Le (très beau) visuel forestier ainsi que la piste introductive et instrumentale qu'égrène des notes de pianos osseuses, tendent ainsi un pont avec les travaux précédents, de même que l'atmosphère désenchantée.
Cependant, Whisperers To This Archaic Growth étonne agréablement, déroulant un menu noir et charbonneux, à commencer par \"Tith\", seconde des quatre titres qui l'architecturent. Pendant près de dix minutes, Nhor façonne un tertre d'une beauté désespéré aux multiples cassures, tour à tour rapide comme un torrent en crue ou au contraire plus contemplatif. A mi parcours, le temps paraît se figer, des sons lointains, trahissant les racines ambient du projet, résonnent avant les atours d'un Black Metal atmosphérique resurgissent de la brume.
Guidé par un chant écorché, derrière lequel èrent des bribes de choeurs fantomatiques, et par des guitares dissonnantes, \"Asper Crown\" déboule ensuite, plus court mais toujours écartelé entre brutalité et respiration suspendue au dessus du vide. Ce Black Metal pourrait sonner presque trop banal, néanmoins, Nhor y injecte sa personnalité et ses touches grêles et hantées qui lui permet d'échapper à un air de déjà-entendu et plus le disque progresse, plus les écoutes se multiplient et plus on mesure que combien la musique en présence se révèle singulière.
Car Whisperers To This Archaic Growth s'inscrit totalement dans la continuité de ses aînés dont on retrouve la même la philosophie pastorale ainsi que ce désespoir coutumier chez le mystérieux Britannique. Pour qui connait ses précédentes créations, un titre tel que \"Beneath The Burial Leaves Of A Dying Earth\", gemme terreux qui charrie une profonde mélancolie témoigne de cette proximité autant spirituelle qu'artistique. Entité confidentielle qui se mérite, Nhor poursuit une oeuvre à part qui n'appartient qu'à lui.