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Old Wainds : Stormheart

Darkness Shall Rise Productions, 2024

Black Metal, Russie

Album CD

Dans le black metal sans doute plus que dans tout autre style, il existe un véritable déterminisme géographique, expliquant pourquoi un groupe américain ne sonnera jamais comme un groupe polonais par exemple. Old Wainds en constitue la parfaite illustration, horde noire originaire de Mourmansk qu’on n’imagine pas venir d’ailleurs que de Russie tant son black glacial et lugubre parait viscéralement enraciné dans les terres gelées qui l’ont vu naître. Il y a définitivement là quelque chose de polaire, de nocturne, de sinistre qui n’appartient qu’aux groupes russes et plus particulièrement à Old Wainds.

Celui-ci semblait avoir disparu dans le permafrost depuis dix ans et Nordraum. C’est donc non sans surprise que nous accueillons cet l’hiver ce Stormheart que nous n’attendions plus. Son titre, qui pourrait être celui de  dizaine d’autres albums de black metal, ne brille pas tellement par son originalité mais il a au moins le mérite de poser un cadre, d’une rudesse arctique, balayé par le blizzard et dont toute trace de lumière et de chaleur est éconduite. Ce cinquième méfait témoigne en outre qu’il existe bien une magie (noire) dans ce true black auquel des vocalises de gargouille écorchés et des riffs pollués suffisent pour foutre les jetons et répandre sur tout ce qui l’entoure le linceul gelé d’une nuit éternelle.

Pourtant, aucune approximation ne vient parasiter Stormheart, tandis que la prise de son, pour être pure et décharnée, n’en reste pas moins claire et puissante. De même, Morok et Izbor ont du métier et ne se planquent pas derrière une exécution dégueulasse. Les blasts furieux qui lessivent ‘To The Moonlight’ le confirme de la plus brutale des manières. Il s’agit du reste de la saillie la plus haineuse et rapide, quoique fissurée dans sa dernière partie de crevasses obsédantes, d’un ensemble qui en vérité privilégie les mid tempo frissonnant, les coups de boutoir brumeux, aux agressions frontales.

Dans ce registre lancinant qui n’interdit cependant jamais de fielleuses éruptions (‘Watch The Midnight Unveil’), on notera la tempête implacable que font souffler ‘Northern Starfall’ et ses guitares aux morsures entêtantes et plus encore un ‘The Eternal, The Dead, The Arcane’ qui serpente dans les boyaux nocturnes creusés par Izbor qui hurle comme une créature de la nuit tandis que Morok lacère la peau avec ses riffs engourdis par un gel lugubre.

Plus que jamais, Old Wainds est au black metal russe ce que Immortal est au black metal norvégien, sculpteur de paysages glacials et sinistres dont il capte l’âme hivernale et les pulsations obscures venues des profondeurs d’une nuit sans fin.

Childeric Thor - 8/10