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Omrade : Edari

My Kingdom Music, 2015

Avant-Garde Metal, France

Album CD

Enigmatique. Tel est l'adjectif qui vient à l'esprit lorsque l'on cherche à évoquer ce premier signe de vie de Omrade. De son titre, Edari, au nom de ses créateurs, de son écrin visuel à son contenu, cet opus soulève plus de questions qu'il n'en résout.

Car de quoi s'agit-il en fait ? Bien qu'arrimé au metal, ce qu'explique le pedigree de l'hydre à deux têtes qui se cache derrière ce projet, soit Christophe Denhez (Nerv, entre beaucoup d'autres) et Jean-Philippe Ouamer (Idensity), renommés Bargnatt Xix et Arsenic, l'art qui vient envahir nos cages à miel, une fois l'écoute lancée, s'affranchit en fait des frontières pour brasser nombre d'influences, Post Metal, atmo, trip-hop etc, lesquelles, loin de tresser un patchwork plus ou moins digeste, fusionnent en un tout miraculeusement homogène.

Si les références sont parfois évidentes, citons notamment God Of The Astronaut, The Gathering, Ulver et d'une manière générale tout l'avant-garde norvégien, ce dont le groupe ne se cache absolument pas, le résultat est assez solide et au final étonnamment  personnel, pour faire oublier ces emprunts parfaitement assimilés et assumés. Car n'en doutez pas, la musique tricotée par Omrade n'appartient (déjà) qu'à ses auteurs qui n'hésitent jamais à passer à la moulinette d'une inspiration aussi foisonnante qu'azimutée, tout ce qui traverse  leur âme tourmentée.

Rythmique pulsative proche de la transe, ambiances d'une froide mélancolie, arrangements crépusculaires (Motsögn) copulent avec fureur et une liberté débridées. Le fruit de ces ébats maladifs épouse la forme de compositions rongées par une folie contaminatrice, qui semblent éjaculer dans tous les sens mais conservent pourtant une ligne directrice précise, oeuvre d'artistes - des vrais, ceux-ci - qui savent au contraire parfaitement où ils vont et où ils veulent nous conduire.

Bref, malgré de nombreuses tentations, Edari réussit l'exploit de ne jamais s'égarer. On tient là l'un des deux principaux caractères de cet album. Le second réside dans une richesse vocale qui explose en une myriade de tonalités. Organe(s) masculin(s) tour à tour clair ou plus agressif, mélopées féminines et cristallines, choeurs fantomatiques se fondent en une palette sonore aussi versatile que nuancée dont l'illustration la plus achevée reste Satellite And Narrow, apothéose d'un opus qu'une vie entière ne suffirait pas à déflorer et capable de toucher un public plus large que celui qui sera le sien, même si la corrosion dépressive qui le ronge ne peut que lui fermer des portes que le duo n'a d'ailleurs peut-être nulle envie de voir ouvertes...

Childeric Thor - 7.5/10