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Ossuaire : Le Troubadour Nécrophageophile

OSSUAIRE - Le Troubadour Nécrophageophile

Nihilistic Holocaust, 2015

Death Metal, France

Tape

Ossuaire. Rha, que de souvenirs remontent à la surface de ma mémoire en lisant ce nom. Un tas de sensations, visuelles, auditives, voire olfactives, un peu comme une madeleine de Proust au fumet sulfureux. 2005, je découvrais en vrac le Languedoc Roussillon, les catalans, la tramontane, et les concerts improvisés dans les entrepôts désaffectés. C'est à cette occasion que je fis connaissance avec quelques formations atypiques, les Cyber Black Terroristes de NEO CULtIS (RIP), les guerriers de SA MEUTE (reRIP), les Blackeux de DEPRESSIVE WINTER et le trio Death de Ossuaire. Le chant ultra profond de leur vocaliste et l'ambiance morbide à souhait m'avait laissé sans voix. Sorte de GRAVE MIASMA avant l'heure, sans les instruments traditionnels, Ossuaire proposait un Death roots de chez roots englué dans une ambiance malsaine digne des cryptes hantées par les goules et autres créatures anthropophages. A l'époque de ce concert, sortit une démo, prisée des fans de Death crado, suivi quelques années plus tard d'un album et d'un split. Depuis silence radio.

10 ans plus tard, NIHILISTIC HOLOCAUST, toujours aussi actif au niveau underground, a fait preuve de la brillante initiative de rééditer cette unique démo au format tape. Le retour à ce format me surprend, que de prise de tête avec un stylo pour rembobiner une bande sortie de son giron, et d'emmerdement pour écouter le morceau coup de cœur, mais passons, il y a 20 ans, personne n'aurait parié un kopek sur le support vinyle, désormais prisé par les fans de Metal et de musique en général.
Cette démo méritait-elle une telle réédition, alors que tant de formations nouvelles émergent et peinent à trouver distributeur ? Vous devez vous en douter, oui, elle mérite bien une seconde jeunesse, tant ce Death malsain est adductif.
5 titres, 17 minutes de bonheur résolument Old Shool, nauséabond comme un caveau grouillant de vermine. Imaginez le Death nécromantique et vicieux de INCANTATION, le Gore Groovy du CANNIBAL CORPSE au mieux de sa forme (vers 1993), et l'attrait inavoué pour le Black Metal d'un DOMINIUS du premier album (View to the dim, et quand on pense que ce sont les futurs VOLBEAT qui ont sorti cette perle, enfin ce sera le prétexte d'une autre chronique consacrée aux grands oubliés du Death ). Le chant est d'une profondeur terrible, gras, dégueulant ses textes comme un damné, tout en restant intelligible. Un peu ce que DEICIDE cherche à faire depuis quelques albums, de manière trop routinière. Là, Ossuaire bénéficie en plus de l'effet de surprise, d'une fraicheur et d'une sauvagerie liée à sa jeunesse d'alors.
En me relisant, je trouve un groupe qui a des dénominateurs communs avec Ossuaire, à savoir le AVULSED des grands jours, un des groupes les plus sous-estimés de sa générations malgré son talent indéniable. Pour en revenir à Ossuaire, je mettrai un bémol à mon enthousiasme à cause des deux derniers titres, plus orientés Death Made in Tampa, comprenez à la MORBID ANGEL : la fureur l'emporte sur le poisseux et le vicieux, n'en restant pas moins intéressant, mais en tout cas perdant de cette spontanéité et de cette délectable ambiance putrescente.

Au final un grand merci à NIHILISTIC HOLOCAUST pour avoir ressuscité cette carcasse pourrissante tombée dans l'oubli, et pourquoi ne pas espérer un nouvel album d'ici 5 ans ?

Alœrw - 7/10