Nihil Interit Records / Le Crépuscule du Soir, 2012
Dark Ambient, Russie
CD
Genre hermétique s'il en est, la Dark Ambient grouille de projets franchement obscurs qui semblent destinés à une poignée de masochistes, seuls êtres capables de goûter le \"charme\" de cet art exigeant qui ne pardonne pas la médiocrité.
Pentadrvg et KLVER font partie de ces entités dont la confidentialité n'a d'égale que l'hypnotique inspiration, laquelle s'exprime par le biais d'une multitude de splits partagés avec d'autres \"noms\" au CV tout aussi aride, de EGO DEATH à MHNUNRRN pour le premier, de TUMULTE à S.I.R.S. pour le second. Il était écrit qu'il se rencontreraientt un jour ou l'autre. Dont acte.
Froideur scelle ainsi cette éphémère alliance franco-russe. Habillé d'un livret au format d'un 7 pouces aux photos hivernales d'un éclat frissonnant, l'objet propose deux titres d'environ un quart d'heure chacun. L'écoute s'ouvre avec le titre éponyme, oeuvre de Pentadrvg. Des accords grêles, squelettiques, amorcent cette composition qui peu à peu se pare d'un souffle lugubre. Répétées à l'infini, ces notes s'estompent progressivement, avalées tout d'abord par des sons aux teintes liturgiques puis aux confins d'un Drone sinistre, que souligne un bourdonnement continu.
De son côté, \"23°26\" offre à KLVER l'espace pour tricoter ce magma sonore dont il a le secret, plainte Dark Ambient aux portes de l'Indus. Oppressante, celle-ci a quelque chose d'une déambulation nocturne dans les arcanes d'un monde en pleine décrépitude, qu'on imaginerait bien comme bande-son alternative d'\"Irréversible\", film éprouvant de Gaspard Noé. Le décor est posé, assourdissant et parasité par une pollution de bruitages d'une froideur terrifiante qui culmine en une montée en puissance cataclysmique. KLVER y démontre son attirance pour une forme de Harsh Noise d'une brutalité obsédante.
La notion de mélodie totalement effacée, \"23°26\" prend aux tripes et ruissèle pourtant une espèce de beauté sourde.