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Pestilential Shadows : Depths

PESTILENTIAL SHADOWS - Depths

Adverse Order Records, 2011

Black Metal, Australie

CD

Une fois passée l'onde de choc libérée par les deux uniques offrandes d'AUSTERE ( Withering Illusions And Desolation et To Lay Like Old Ashes ) et les premiers balbutiements de son faux frère jumeau WOODS OF DESOLATION ( Toward The Depths , essentiellement), il faut bien admettre que Desolate et Sorrow, l'hydre à deux têtes de ces groupes, commençaient à moins nous intéresser, après le split du premier, le décevant Torn Beyond Reason pour le second, sans oublier le banal Below The Ever Setting Sun de GREY WATERS, autre projet de Sorrow. Autrefois inséparables, les deux hommes tracent désormais chacun leur route respective.

De fait, Pestilential Shadows, qui les accueillait tous les deux, autour de Wraith et Balam, se trouve maintenant réduit à la forme d'un trio. Membre de la famille NAZXUL dont les trois musiciens restant font partie, véritable point de convergeance de la scène Black Metal australienne, la horde livre avec Depths un quatrième opuscule qui ne peut que nous réconcilier avec l'inspiration de Desolate, formation dont il n'est du reste qu'une des pièces. Depuis le sabordage d'AUSTERE en 2010 et la scission de WOODS OF DESOLATION, le bonhomme n'a donc pas chômé. En attendant de découvrir Divinity Through Un-Creation , premier signe de vie longue durée de ILL OMEN, salons comme il se doit le successeur de In Memoriam, Ill Omen , implacable réussite à mettre à l'actif de cet art noir des antipodes.

Forgé autour de longs titres, gravitant autour de sept minutes en moyenne, Depths ouvre les vannes d'une négativité grésillante, froide bien que toujours mélodique (témoin ce \"Poisoner\", titre où transparessent sans doute le plus les stigmates d'AUSTERE et de WOODS OF DESOLATION avec ces lignes entêtantes qui vrillent le cerveau). Cette oeuvre exal(t)e la mort par tous les pores, propulsée par des blasts démoniaques, à l'image de ceux emportant le monumental \"Choir Beyond The Blackened Sky\" dans un torrent de noirceur abyssale et des riffs charriant un venin obscur. Hampes tendues et gonflées d'un stupre cendreux, les guitares de Desolate et Balam érigent un temple mortifère que flagelle un chant possédé.

Suivant une trajectoire le conduisant peu à peu vers un abîme (forcément) funeste, Depths concentre dans sa première partie ses compositions les plus intenses et brutales, de l'acabit de \"Lost Geists of The Sunlight Sphere\", que fracture un break mémorable. Puis, à partir de \"Shrine\", à la lente et contemplative entame, la violence cède la place aux atmosphères et à un rythme souvent plus lugubre. \"Putrid Earth\", pulsation lancinante d'une tragique beauté que dessine une guitare ruisselante de désespoir, et plus encore le terminal dérelict éponyme, mortification de presque dix minutes à laquelle rien ne peut succèder, si ce n'est la grande faûcheuse elle-même, en constituent l'illustration la plus vénéneuse.

Gouffre tentaculaire aux couleurs charbonneuses, Depths est une très grande offrande d'un Black Metal typiquement australien dans son expression du genre et dont la noirceur insondable n'est jamais étouffée par les aplats mélodiques qui le strillent.

Childeric Thor - 8.5/10