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Porta Daimon : Faustologie

The Ritual Productions, 2020

Black Metal, France

EP CD

Petite hostie, infâme et malfaisante, longue d'un quart d'heure à peine, peut-être, Faustologie n'est pourtant pas à négliger. Porta Daimon, son géniteur, est un nom qui ne vous dira sans doute rien encore mais il est le véhicule de Napharion, maître de cérémonie de Aryos (mais pas que), entité singulière s'il en est, au sein de la chapelle noire hexagonale. Artiste aussi authentique qu'habité, l'homme imprime nécessairement sa marque à ce projet qu'il partage avec deux autres créatures. Sa présence suffit ainsi à poser un cadre, occulte, dérangeant. Sulfureux. Evidemment.

Fidèle aux valeurs qui le guident depuis toujours, Napharion met bas avec Faustologie une progéniture en parfaite adéquation avec ce que le black metal incarne à ses yeux, tant dans la forme que dans le fond. La première est dépouillée à l'extrême, au point d'en être presque sale, vide du moindre artifice, de la moindre concession au beau, à l'agréable. Le second a quelque chose d'un rituel obscur et séculaire, imbibé d'une mélancolie livide, caveau d'un art noir qui n'appartient définitivement qu'à ses auteurs, pur sans être orthodoxe, suintant le désespoir sans sombrer dans le misérabilisme suicidaire, tourmenté sans être torturé, froid sans être désincarné. L'œuvre fait fi des standards contemporains mais crée un malaise évident chez celui-ci qui la pénètre, envahi par le dégout mais néanmoins fasciné par ses atours impies.

Le poison est inoculé dès l'introduction 'Celle des chemins'. A ce titre, il importe de préciser que les deux pièces instrumentales qui bordent l'autel se justifient pleinement en cela qu'elles participent d'une atmosphère cérémonieuse et malsaine poissée d'un désespoir souterrain, loin d'un quelconque remplissage. Entre les deux, 'Sous les cadavres du sigil putréfié' et 'Faustologie' possèdent des allures de pandémonium déglingué, masses informes aux vocalises grouillantes et inaudibles qui résonnent comme des imprécations possédées. Le tempo ne file jamais droit, par moment frénétique, ailleurs plus engourdi. L'ensemble trempe dans une espèce de religiosité trouble et charnelle, sécrétant un stupre au goût d'interdit.

En quatre pistes, Porta Daimon parvient à capturer la licence démoniaque d'une copulation fiévreuse et incantatoire, renvoyant dans le bac à sable de la maternelle tous les apprentis sorciers grimés comme des pandas tristes croyant qu'il suffit de prendre la pose pour invoquer le seigneur des ténèbres. Nous les invitons à s'abîmer dans les replis de ce Faustologie que souille un linceul ivre de soufre.

Childeric Thor - 7.5/10