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Profetus : ... To Open The Passages In Dusk

PROFETUS - ... To Open The Passages In Dusk

Ahdistuksen Aihio Productions, 2012

Funeral Doom Metal, Finlande

LP

Que possède la Finlande que les autres pays n'ont pas ? De longues nuit hivernales ? Une substance mystérieuse dans l'eau des lacs qui en trouent le paysage ? Une tendance à la dépression plus prononcée qu'ailleurs ? On ne sait. Tout ça pour dire que le Funeral Doom est un peu à cette terre boréale coincée entre la Suède et la Russie, ce que le Black Metal est à la Norvège : une sorte de spécialité nationale. Cela a débuté très tôt avec THERGOTHON et UNHOLY au début des années 90, deux entités qui ont durablement fixé le credo de cette religion doloriste poussant à son paroxysme l'art de la contrition avant de poursuivre avec les œuvres quintessentielles de SHAPE OF DESPAIR et TYRANNY.

Et si depuis, la chapelle peine à renouveler ses membres, les pères fondateurs du mouvement ayant tous cessé ou mis en sommeil leur profession de foi, la Finlande reste un creuset intarissable, habritant nombre de groupuscules suicidaires jamais avares en spleen. Profetus est l'un d'eux. Découvert en 2009 avec une pierre (tombale), nommée Coronation Of The Black Sun , nous avions été tout étonnés d'y retrouver un ancien (éphémère) membre d'HORNA (A. Mäkinen) à des années-lumière de la bestialité de son précédent employeur.

Etant depuis sans nouvelle d'un projet qui nous avait pourtant fait bonne impression, nous pensions que celui-ci allaient enrichir le bataillon des ces \"one shot\" auteurs d'un seul opus et puis s'en va. C'est donc avec des frissons partout en songeant aux promesses suintant le désespoir que l'on devine déjà tapies derrière son nom que nous accueillons ...To Open The Passage In Dusk . Du haut de ses quatre complaintes aux contours flous, semblant n'en composer qu'une seule et unique de plus d'une heure étouffante et pétrifiée, qui oscillent entre douze et dix-sept minutes, cet opus se mérite ; parvenir au bout de cet interminable chemin de croix tient presque du supplice.

Le rythme (ou plutôt son absence) se veut tellement lent que parler de Doom à son encontre paraît presque absurde. Le batteur a le temps d'aller pisser entre deux coups de caisse claire, une voix lointaine égrène des gargouillis imcompréhensibles tandis que les guitares s'effaçent au profit de nappes de claviers funéraires aux accents liturgiques qui tapissent l'intérieur de cette caverne obscure d'une vaporeuse couche sédimentaire. D'une monotonie absolue, géniale ou chiante comme un dimanche de pluie, c'est selon, ...To Open The Passages In Dusk a quelque chose d'un passage d'un monde à l'autre, de la vie à la mort, il est un chemin long et sinueux vers le Styx, destination terminale de \"Burn, Lantern Of Eve\", ultime marche qui s'enfonce dans une nuit éternelle. Ni lumière ni accélération ni espoir, rien que le noir. Ces monolithes vous engourdissent mais de leur surface ruissèle une beauté ténébreuse qui confine à l'envoûtement.

Nous tenons là très certainement ce que le Funeral Doom finlandais nous a offert de plus abouti entendu depuis très très longtemps, œuvre somme d'un mouvement exigeant et dans son genre l'un des plus extrêmes qui existe.

Childeric Thor - 8/10