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Profezia : Oracolo Suicida

PROFEZIA - Oracolo Suicida

Moribund Records, 2014

Black Metal, Italie

CD

Projet à géométrie et géographie variables, Profezia est avant toute chose le jardin secret de Kvasir, guitariste et bassiste d'ABHOR, entité (oc)culte de l'art noir de la péninsule, autour duquel se sont succédés divers batteurs et chanteurs d'origine danoise ou italienne tels que Ynleborgaz (ANGANTYR) ou Vidharr (BEATRIK, CHELMNO). Si elle a vu la nuit il y a déjà quatorze ans, la créature n'a vraiment pris son envol qu'en 2012 grâce à sa seconde offrande, The Truth Of Ages , enfantée quatre longues années après le séminal Black Misanthropic Elite - Moon Anthem . L'inspiration dressée bien haut, Kvasir n'aura donc cette fois-ci pas hiberné avant de cracher à nouveau sa semence.

Les présentations de mise emballées, alors, qu'est- ce c'est Profezia ? S'il partage avec le principal port d'attache du maître des lieux une propension identique pour les plaintes dilatées tutoyant parfois les dix minutes au jus, le groupe se veut moins atmosphérique, moins lugubre dans son expression d'un black metal tout en ambiances sépulcrales bien que tout aussi sinsitre et cryptique. L'apport de Oracolo Suicida à l'oeuvre italienne, par rapport à ses devanciers tient moins dans la présence de l'actuel chanteur de OPERA IX que dans celle d'un violon qui tout du long souligne la noirceur d'un canevas anguleux sans lequel celui-ci ne serait que le réceptacle d'une musique somme toute assez quelconque.

Mais ces seules lignes, dissonnantes et osseuses, suffisent à draper d'un suaire morbide ces compositions crépusculaires. Elles leur confère une tessiture plus obscure et caverneuse que vraiment mélancolique. Loin d'en altérer la noirceur granuleuse, cet instrument est le funeste fil d'Ariane conduisant dans les profondeurs abyssales d'une grotte séculaire dont la voûte est chargée d'une masse ténébreuse. Ce faisant, il apporte à l'opuscule son identité, négative et tordue.

Aucune trace de lumière ne l'atteint jamais. Entre incantation figée dans un socle burzumien (\"Sacra Tempesta\") et rares titres plus ramassés et moins intéressants peut-être (\"Futuro Rivelato\" aux accords qui ne filent jamais droit, \"Il Gioco Del Parassita\"), le menu, assez court, repose avant tout sur trois longs sanctuaires dont le premier d'entre eux, lequel donne son nom à l'album, mérite tous les éloges, labyrinthe sillonnant les arcanes de la terre, tour à tour lancinant ou plus véloce, aux multiples aplats. Démarrant sur un tempo plus enlevé, \"Senza Giorno\" s'abîme néanmoins lors d'une seconde partie pétrifiée, guidée par ce violon qui résonne comme un appel des limbes cependant que le terminal \"Nato Morto\" ferme le cercueil avec une sombre noblesse.

Childeric Thor - 6.5/10