Night Terrors Records, 2025
Death Doom, Australie
Album Tape
Un logo aussi illisible que baveux, une pochette à l’avenant et guère plus engageante. Aucun doute, "Mired In The Reek Of Grief" est du pur death doom des cavernes avec ses guitares grumeleuses accordées plus bas que terre, son tempo façon limace shootée au Valium par boîte de 12, ses exhalaisons fétides. Seul le chant qui racle, plus sludge que death, rompt quelque peu avec les codes du genre, sans pour autant faire tâche, bien au contraire, dans un ensemble morbide à souhait et volontairement rétrograde.
S’agissant premier rôt d’un obscur groupe dont les membres semblent inconnus en dehors de leur cage d‘escalier, nous n’attentions honnêtement pas grand-chose de cet album à côté duquel nous aurions pu passer. Pourtant, la bonne surprise est au rendez-vous. Non pas que les Australiens inventent quoi que ce soit, ce qui n’est de toute façon pas leur but, mais en moins de quarante minutes, ils réussissent à réveiller une armée de zombies filmés au ralenti comme dans un bon vieux Lucio Fulci.
Le terrain préparé par une longue et croûteuse intro aux sinistres remugles qui, pour une fois, a toute son utilité, "Mired In The Reek Of Grief" répand ensuite son death doom préhistorique par le biais de quatre morceaux qui, le frein à main fermement serré et l’atmosphère engourdie de caveaux viciés, pataugent entre sept et onze minutes dans des viscères encore fumantes avec une gourmandise pestilentielle. Rien de très original en effet mais, outre ces vocalises biberonnées au Destop (‘Wading In A Body Of Death’), Nicholas le guitariste abat un boulot sévère, creusant des riffs trempés dans les eaux du Styx (‘Slithering Spell’), malsains et granitiques.
Et puis surtout, il y a au bout de ce chemin de croix grouilleux, ‘A Lingering Mephitic Fog’, assez monumental dans son genre, pétrifié et funèbre. Reekmind y assène une véritable leçon de doom death prisonnier d’une gangue putride que vient briser une accélération d’une furieuse efficacité.
Petite bestiole peut-être, "Mired In The Reek Of Grief" n’en reste pas moins taillé dans le meilleur d’un death doom aux relents sludge suintant une beauté souterraine.