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Salace : Down Below

Auto production, 2020

Sludge Doom, France

Album Digital

Beaucoup de groupes se vantent d’être plus méchant que le voisin, d’avoir le son le plus dégueulasse, le plus poisseux mais rares sont pourtant ceux qui font réellement preuve de la bestialité crasseuse affirmée. Et c’est souvent du côté des petits, des obscurs, des qui pataugent dans la bauge de l’underground le plus infâme qu’il faut gratter pour dénicher de vrais vilains qui font peur. Tel est donc le cas de Salace.

Déjà, rien que le nom annonce quelque chose de cradingue, de sale comme le sang menstruel, de visqueux comme une plage bouffée par la marée noire. On sent que ça va être du costaud, du brutal. Du haineux. Le titre de cette première saillie est à l’avenant. Down Below suggère ainsi un machin bien pesant, malsain et tout. Dont acte. C’est le genre d’album qu’on se prend dans la gueule comme une bifle, le truc qui déchire les muqueuses. On ne sait pas trop qui joue là-dedans, apparemment des gaillards issus de diverses formations telles que Barabass (à ne pas confondre avec son quasi homologue doomeux), Black Box Warning, Necron ou Brume Retina. Ca ne vous dit rien ? C’est pas grave car on se fiche pas mal de connaître l’identité de ces types. Mieux, le fait qu’on ne sache pas trop bien de qui il s’agit, participe de la radicalité du projet.

Bon, tout ça est bien joli mais c’est Salace, c’est quoi finalement ? Entre doom bitumeux et sludge évidemment patibulaire, le groupe remue les viscères d’un monde au bord du chaos, fouille l’âme humaine pour en sucer la noirceur la plus vile. Chant caverneux biberonné au Destop, riffs corrosifs et rythmique engluée dans le mazout plongent Down Below dans un charnier bouillonnant dans les entrailles de la terre. Encadré par deux instrumentaux qui, loin de faire du remplissage contribuent à vomir un climat aussi corrompu que dérangeant, le menu racle les chairs à vif à la manière d’un scalpel rouillé aux mouvements lancinants et vénéneux.

Massif et écrasant, perforé de mélodies néanmoins toujours vicieuses (‘The Fall’), l’album est prisonnier d’une gangue épaisse que de rares et avortées éruptions (‘Trouble’) ne suffisent pas entamer. C’est au contraire une chape de ténèbres qui s’abat, creusant dans le sol des reptations engourdies et suffocantes tout ensemble. ‘Ancients’, ‘No Pain No Gain’ ou même le plus trapu ‘Drive’ ont quelque chose de verges lourdes et tortueuses, striées de nervures maladives et au bout desquelles est crachée une semence chargée d’une négativité grumeleuse.

Ni lumière ni espoir ne pénètrent ce Down Below aussi étouffant que déglingué dont la brutalité morbide confine presque à une forme de transe mortifère. Bref le genre de saillie qui fouraille les boyaux et dont on ne sort pas indemne !

Childeric Thor - 7.5/10