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Sentinelles : L'envol

SENTINELLES - L'envol

Auto production, 2012

Black Metal, France

CD

Il n'est jamais évident de chroniquer un premier essai, à fortiori quand celui-ci n'est pas précédé des tatonements - démos, EP, split - quasi obligés lorsqu'on pratique du Black Metal. Sans comparaison possible ni évolution à souligner, ne demeure donc que la musique à laquelle se rattacher.

Tel le cas de L'envol , titre métaphorique d'une carrière que l'on espère aussi longue que remplie de trésors, celle de Sentinelles, jeune duo originaire de Bretagne. L'art que forge le tandem ne s'enracine pas vraiment dans le socle païen que la présence, en temps qu'invité, d'un membre (de sessions) de BELENOS pouvait laisser deviner. A peine noterons-nous le recours - parcimonieux - à des choeurs majestueux, au bruit du ressac ouvrant par exemple \"Immensité et tristesses\" ou bien encore à quelques arpèges osseux. Si influence de BELENOS il y a, ce serait plutôt vers les premières offrandes ( Errances oniriques , Spicilège ) de celui-ci qu'il faut se tourner, lorsque le projet était encore basé dans le Nord de la France.

De fait, le Black Metal dont il est ici question, se veut abrasif, froid et tranchant et surtout pas festif ou bretonnant. Vocalises hurlées et guitares ferrugineuses dressant un tertre de souffrance désolée irriguant des complaintes qui instaurent une ambiance médiévale en étirant leur sente lessivée par une pluie froide souvent au-delà des dix minutes. Ce format épique sied à merveille à Sentinelles, davantage que le registre plus resseré, à l'image des \"Larmes de l'Est\", lequel dépasse néanmoins les 6 minutes mais ne peut prétendre posséder ce pouvoir d'évocation que ses trois successeurs égrènent avec une rage grésillante.

L'oeuvre n'est pas sans faiblesses. On regrettera notamment ces nappes de claviers et notes de pianos qui tendent à polir cette âpreté tranchante que \"Kogda Ia Vernous\" ou \"L'étrenne des sentiers\" libèrent avec largesse, cependant maigre défaut d'un album dont on rappelle qu'il est le premier souffle de mort d'un groupe en devenir mais à l\"identité sinon déjà affirmée, attachante à tout le moins. La réussite est honorable et laisse augurer de plus belles choses encore pour la suite laquelle, devrait prendre la forme d'une trilogie d'albums dont les thèmes annoncés sont les saisons, le XVIIIème siècle et la Bretagne. Une découverte.

Childeric Thor - 7/10