Indépendant, 2018
Thrash / death metal mélodique, Slovénie
Album digital
The Heralds Of The Disclaimed : une identité métallique arrivée à maturité
Sober Assault, quatuor Slovène actif depuis 2012, est un groupe qui sait mélanger à merveille les bons vieux ingrédients du Thrash et du Death Metal. Il se montre toutefois capable de nous surprendre avec une touche de mélodie et de progression. Les morceaux évoluent de manière imprévisible au fur et à mesure de l'écoute, une marque de fabrique déjà présente dans ses précédents EP : The First Assault (2015) et Of Violence And Woe (2016). On y trouvait les influences de Slayer, Sepultura ou des premiers albums du groupe Death. Enej Lamovsek, chanteur guitariste de Sober Assault, vociférait alors ses textes dans un style belliqueux, proche de celui de Max Cavalera par exemple.
Dans leur premier album, The Heralds Of The Disclaimed sorti en juillet 2018 sous un label indépendant, les membres de Sober Assault nous démontrent qu'ils ont réussi à se forger une identité, délaissant une partie de leur influences pour un style sur lequel se pose une voix qui, inexorablement, s'enfonce six pieds sous terre.
Leur tendance à la progression est d'autant plus marquée qu'ils délaissent l'aspect thrash pour un style plus death, la mélodie étant présente sans pour autant trop basculer dans la tonicité ou la virtuosité. Ceci rend les morceaux plus imprévisibles, bien qu'encore limpides et faciles à suivre, permettant au métalleux amateur de l'extrême d'évoluer en terrain familier.
Pour un adepte de dissonance, de lourdeur, de crasse guitaristique ou de dégénérescence vocale, l'album sonnera forcément trop léger, peut-être trop propre. Cependant, les minuscules erreurs de synchronisation qu'on peut y entendre, ainsi que l'attitude dont le groupe fait preuve sur scène sont des gages de leur sincérité. Cela reste un assaut sobre; une brutalité qui ne dépasse pas les bornes, mais déploie une énergie constante.
Entre les ingénieux décalages rythmiques, les soli bien thrash, voire heavy et l'imprévisibilité des enchaînements de riffs tantôt bourrins, tantôt virevoltants, on ne s'ennuie pas un instant en écoutant cette petite perle slovène. Chaque titre a sa propre caractéristique, mais le fil directeur qui nous mène du Thrash au Death, de la simplicité à la technicité tout au long de l'écoute donne suffisamment d'homogénéité pour que l'on ne s’y perde pas. De ce fait, il est facile de s'immerger dans cet univers musical, d'écouter le tout d'une traite, puis d'en émerger grâce au onzième et dernier morceau, Martyrs.
Ce titre se distingue clairement des autres par son aspect plus ralenti et bien plus tonique, plus prévisible, ainsi que par des éléments clairement symphoniques. Plus doux à l'oreille, avec un début qui fait penser à une berceuse, il ne manque pas de dégager une énergie certaine, relevant presque de l'émotionnel, ce qui peut justifier qu'on se questionne sur son sens. Est-il là pour laisser souffler l'auditoire après un déferlement de riffs sauvages et hétéroclites, pratiquement sans tempos lents durant les dix morceaux précédents ? Est-il là pour nous couper dans nos élans furieux, pour bâcler l'album ou pour transmettre un léger goût de tristesse ? Finalement, " c'est le cas de le dire ", ce morceau n'en reste pas moins intéressant.
En conclusion, The Heralds Of The Disclaimed montre que Sober Assault, malgré l'utilisation d'éléments pas forcément innovants en matière d'influences musicales, a su faire preuve d'efficacité et d'authenticité tout en faisant évoluer son style. Au vu de la prestation incisive et brutale qu'ils ont fournie lors du festival Metaldays (juillet 2018), on peut même supposer que ce n'est qu'un début; leur musique a bien des chances de tendre vers plus de violence mortifère. Qui sait cependant ? Ils maîtrisent suffisamment leur style pour nous le faire croire ! D'après l'interview menée lors de ce même festival, le groupe confirme travailler sur de nouveaux morceaux. Bien qu'ils n'aient pas précisé quand ils publieront leur œuvre, il est possible de certifier qu'ils n'auront pas fini de nous surprendre