Shadow Kingdom Records, 2013
Doom Death Metal, Danemark
CD
A sa manière, involontaire, Scouring The Wreckage Of Time est une forme de démonstration sinon de confirmation, celle qui veut qu'ALTAR OF OBLIVION ne serait pas ce qu'il est, à savoir une des groupes de Doom les plus inspirés du vieux continent, sans la présence dans ses rangs du vocaliste Mik Mentor, alors même que celui-ci n'en est pas le principal auteur, ce rôle revenant au guitariste Martin Meyer Mendelssohn Sparvah.
Soit, mais quel rapport avec The Vein ? La quasi intégralité du line-up d'ALTAR OF OBLIVION en fait, le dit chanteur en moins, justement. Nonobostant ni les qualités des trois autres musiciens ni celle de ces compos gravées dans le cadre de ce side-project, force est de reconnaître que Mentor grâce à sa voix si particulière, à la fois haut perchée et tragique, confère aux Danois ce supplément d'âme qui leur fait ici défaut. Au vrai, s'ils présentent une évidente parenté qu'ils doivent bien entendu à la présence de Mendelssohn dont on identifie à la fois l'écriture tout en traits pétrifiés et en accélérations mélodiques (\"The Great Deception\") et cette façon de tisser à l'aide de sa guitare une toile de tristesse, les deux groupes ne braconnent pas tout à fait sur les mêmes terres.
Le chant trace clairement la frontière entre le Doom épique d'ALTAR OF OBLIVION et le Doom Death sculpté par The Vein, clair chez le premier, caverneux chez le second. Leur thématique achève enfin de séparer les deux projets, la muse guerrière et historique chère à son ainé, étant absente de l'univers de cette formation née seulement en 2010 dont Scouring The Wreckage Of Time est en réalité une espèce de compilation en cela qu'elle reprend le contenu du EP séminal Born Into Grey Domains auquel elle agrège quatre nouveaux titres, rassemblés sous le nom de \"The Poisonned Chalice\".
Ce sont vers ces derniers que s'oriente d'ailleurs notre préférence, blocs figés dans un désespoir granitique dont les racines sont ces lignes de guitare aux allures de câbles, balises perforant la brume (\"Pale Dawn Rising\") autant que bathyscaphes qui s'enfoncent dans des entrailles insondables (\"Seeds Of Blasphemy\"). Dommage que Jens B. Pedersen, néanmoins vieux mercenaire de la scène extrême danoise, comme l'illustre son palmarès où se croisent aussi bien le Black de CHURCH BIZARRE que le Death de CEREKLOTH, ne sorte jamais des charniers (re)battus du Doom Death d'outre-tombe.
Parfois poussif, l'ensemble n'en demeure pas moins de solide facture, qualité qu'il doit au savoir-faire chevronné de ses géniteurs mais ne lui suffira pas (encore) à faire de The Vein pour le Doom Death ce que ALTAR OF OBLIVION est devenu pour l'epic Doom Metal, un de ses fers de lance...