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Thorns : Thorns

THORNS - Thorns

Moonfog, 2001

Indus Black Metal, Norvège

CD

Presque tous les grands de la scène norvégienne se sont un jour adonné aux joies de l'expérimentation électronique. Peu avant notre troisième millénaire, SATYRICON essuyait les plâtres avec un \" Rebel Extravaganza \" en demi-teinte, et DØDHEIMSGARD sortait le déjà cultifié \" 666 International \". Deux ans plus tard, c'était au tour de MAYHEM de s'engouffrer dans la brèche. Un peu tard pour pouvoir encore surprendre son monde, \" Grand Declaration Of War \" n'a pas fait l'unanimité. Et Thorns , dans tout ça ? Illustre inconnu au panthéon du Black à consonances électroniques, le projet du natif de Trondheim n'a jamais soulevé les foules. Le premier et unique album de Thorns , au contraire des quelques rondelles sus citées, fût contraint de rester dans l'ombre de ces mastodontes.

Ledit groupe réunit pourtant des membres de chacune des formations précédemment énumérées. La tête pensante Snorre Ruch compose et s'emploie à faire gémir les guitares, le génial Aldrahn joue de ses cordes vocales en alternance avec son compère Satyr, et Hellhammer vient très logiquement prendre sa place derrière les fûts (et un groupe de plus à l'incroyable curriculum vitae du métisse néo-nazi). Un sacré panel de stars, qui aurait pu expliquer les lacunes d'un tel album si le résultat s'était avéré décevant. Et qui au final ne l'explique pas, puisque Thorns ne déçoit pas le moins du monde : les norvégiens ont accouché ici de l'un des tous meilleurs albums de Black Metal Industriel sortis à ce jour.

Snorre Ruch dispense ses riffs glacials d'une densité extraordinaire, et le fameux Jan Axel martèle les fûts avec vigueur. Son jeu est certes linéaire et bien peu original (Trig... trig quoi d'ailleurs ? Arrêtez de voir le mal partout !), mais ses nombreuses rythmiques martiales se prêtent à merveille au concept musical du disque (le titre du site officiel devrait pouvoir vous renseigner brièvement sur la question).
Les deux membres éminents de SATYRICON et DØDHEIMSGARD n'en font quant à eux pas plus que de mesure, mais restent solidement épaulés par toute une tripotée d'effets électroniques décuplant leur puissance vocale. Le résultat est à plus que convaincant, même si les deux hommes donnent l'impression de moins s'investir dans Thorns que dans leurs groupes respectifs.

Les sceptiques pourront aussi regretter le côté « mi-figue, mi-raisin » de cet éponyme. Le déroulement de l'album peut en effet être sujet à critiques, avec dans un sens une poignée de titres à faire headbanger un pape, et dans l'autre des plages à l'ambiance complexe, spatiale et futuriste, mêlant la froideur des guitares aux nappes de clavier presque Ambient, à la manière d'un DARKSPACE dont Thorns doit certainement être l'une des plus prestigieuses influences.
Fort heureusement, si \" Thorns \" pâtit de cet assez fort contraste dans les pistes qui le composent, les deux parties restent dans l'ensemble de qualité très égale et aucune chanson en particulier ne vient ternir le tableau. Et si ce dernier point l'empêche d'atteindre l'excellence d'un \" 666 International \" doté d'un caractère plus personnel et dénué de faute de goût, j'ose espérer qu'il ne vous éloignera pas de l'un des piliers de la scène industrielle norvégienne.

A écouter : Shifting Channels, Underneath The Universe (Part I & II), Vortex

Krieg - 8/10