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Tower Of Silence : Semelean Revelations

Auto production, 2024

Progressive Black Metal, France

Album CD

Disparu depuis six ans – presque une éternité – et le EP séminal The Unspeakable, Tower Of Silence paraît donc presque surgir de nulle part avec son premier long. Par conséquent, son nom n’évoquera que peu de choses, sinon aux habités de la scène black metal lyonnaise et aux fidèles de Suicidal Madness qui a embarqué en live le bassiste Sylvain Colon, lequel assure ici le chant en plus de la quatre cordes.

Premier album, auto-produit qui plus est, peut-être, il n’en demeure pas moins que Semelean Revelations impressionne par ses insolentes qualités tant en terme d’exécution que de composition, rappelant que le temps des balbutiements maladroits sont loin désormais. Mieux, cet opus n’a absolument pas à rougir de la comparaison avec des sorties plus exposées que lui, bien au contraire. On se demande même pourquoi un disque d’une telle qualité n’est pas (encore) publiée par un label dont certains n’hésitent pourtant pas à vendre des machins bien moins aboutis. Mais ceci est un autre sujet.

Vous l’aurez donc compris, Tower Of Silence, c’est du très haut niveau, dans un style qui ne pardonne pourtant ni l’approximation ni la médiocrité. De quoi s’agit-il en fait ? Semelean Revelations s’enfonce dans le labyrinthe d’un black dissonant dont le maillage serré ne l’exonère jamais d’une foisonnante richesse. Chaque titre a quelque chose d’une pièce d’orfèvre, pensée dans ses moindres détails, théâtre d’arrangements aussi soignés que discrets, à l’image de cet orgue Hammond judicieusement utilisé sur ‘Semelean Vision’ ou ‘Conflagration’ plus particulièrement.

De ce magma torrentiel, fait de strates qui se chevauchent en une cartographie compliquée, jaillissent aussi bien des aplats atmosphériques (‘Bellringer’), des éruptions furieuses (‘Garden Of Limbs’) ou des instants de beauté pure et déchirante (‘Celestial Strangling Hole’ qui hurle comme si demain ne devait plus exister). Si on imagine sans peine qu’il est le fruit d’une longue et lente maturation, on devine aussi que Semelean Revelations se doit d’être appréhendé à la manière d’un tout indivisible dont chaque morceau compose le fragment successif d’un édifice cyclopéen qui doit attendre ses dernières mesures pour être apprécié dans sa globalité tentaculaire.

Du haut de ses presque soixante minutes au garrot, cet album est ambitieux et réclame une écoute attentive et surtout morcelée pour en dénicher tous les trésors. Il arrive parfois que les petits (ce n’est pas péjoratif) s’élèvent bien au-dessus des plus grands, c’est incontestablement le cas de Tower Of Silence dont ce premier album mérite réellement la découverte. 

Childeric Thor - 8/10