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Ultha : Rehearsal Demos MMXIV / MMXV

Distant Voices, 2015

Black Metal, Allemagne

Demo Tape

Deux hosties (sans compter le EP Dismal Ruins), Pain Cleanses Every Doubt et Converging Sins, gravées en l'espace de deux ans à peine, ont suffi aux Allemands pour se tailler une solide réputation au sein de la chapelle noire européenne, leur ouvrant les portes du Roadburn, pèlerinage obligé pour tous les amateurs de gros son. Grand bien en a donc pris à Distant Voices de rééditer en cassette leurs premiers rôts, déjà réunis sous la forme d'un CD-R en 2015.

Comme le mot " rehearsal " l'indique, cet agrégat est garanti 100% sans OGM dedans. C'est la noirceur à l'état brut, celle qui racle, hurle et fait saigner les muqueuses. Les conditions rudimentaires dans lesquelles ces démos ont été captées, loin d'altérer la puissance visqueuse de ce black metal tranchant et minéral, le plongent au contraire au fond  d'un abîme contre les parois duquel aucune lumière, aucune vie ne parviennent à s'accrocher. Ultha forge un art bouillonnant d'une sève hystérique dont la force tentaculaire fait déjà plus qu'affleurer à la surface de ces enregistrements.

Bien que Crystalline Pyre et You Exist For Nothing ne soient pas inédits puisqu'ils composeront la moitié du menu de Pain Cleanses Every Doubt, les découvrir sous forme de brouillon, dans des versions primitives et pourtant pas si différentes de celles que l'on connait déjà, les Teutons arborant de toute façon toujours des traits abruptes comme taillés au burin dans la roche froide, nous place dans la position de témoins de leur accouchement douloureux, dans les recoins intimes d'une cave éclairée à la bougie. Liés l'un à l'autre, ces deux titres semblent n'être qu'un maelström méphitique grouillant d'une négativité mortifère. Le chant écorché et lointain, venu du fond des ténèbres, s'accouplent avec des guitares nocives en une cérémonie cryptique. De leur coït éjacule un suc empoisonné qui s'écoule le long de tranchée serpentant à travers les aspérités d'un caveau fardé d'une obscurité sinistre. A la brutalité épidermique d'un matériau abrupte  se conjuguent des ambiances macabres chargées d'une haine glaciale et séculaire.

Bref, en deux pulsations au tracé accidenté, Ultha impose son sceau, ni atmosphérique ou orthodoxe, ni moderne ou complexe mais trempé dans une encre noire et torrentielle, fielleuse et funèbre, acte de naissance d'un artisan précieux d'un black metal qui renoue avec la négativité originelle.

Childeric Thor - 8/10