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Unru : Paramnesia / Unru

UNRU - Paramnesia / Unru

Les Acteurs de l'ombre Productions, 2014

Black Metal, Allemagne

CD

Où Les Acteurs de l'Ombre continuent de tamiser une scène black metal qui n'a décidemment pas encore tout dit, ne cessant de se régénérer grâce à des hordes que n'effraient ni une démesure ténébreuse ni la volonté de s'affranchir de l'orthodoxie.

Originaire de Strasbourg, c'est ainsi presque naturellement que PARAMNESIA rejoint une écurie dont la modestie n'a d'égale que la valeur artistique. Il suffit de songer à CULT OF ERINYES, REGARDE LES HOMMES TOMBER, DEUIL, ou à THE GREAT OLD ONES par exemple pour mesurer le caractère aussi rare que précieux de LADLO Productions. Avant de livrer le premier album de sa nouvelle signature dont la sortie est imminente, c'est une alliance scellée avec Unru que nous propose le label, mise en bouche bienvenue pour tous ceux (mais pas seulement) qui auraient occulté \"Ce que dit la bouche d'ombre\", EP séminal publié à l'origine sous la forme d'un simple CD-R puis d'une Tape produite par Red River Family, soit plus de 23 minutes d'un Post Black aussi haineux que d'une noire flamboyance.

Mais ce split est tout d'abord l'occasion de faire plus ample connaissance avec Unru, quatuor germanique découvert il y a peu par le biais d'une première association, partagée celle-ci avec SUN WORSHIP. Les Allemands se fendent d'un titre de près de 13 minutes, à l'instar de PARAMNESIA, dont la participation est un chouia plus longue. Si la nature bicéphale de l'objet invite à une description séparée de ces deux pistes, on aurait pourtant tort de ne réduire ce split qu'à une banale addition tant les deux acteurs en présence paraissent connectés l'un à l'autre, délivrant de fait deux créations dont la complémentarité se révèle évidente. Bien qu'indépendantes, ces dernières s'avèrent du coup plus proche de la collaboration que de l'agrégat.

Oeuvre d'Unru, \"Die Welt In Der Wir Streben\" anime la première partie du menu. Après une interminable (dans le bon sens du terme) entame comme suspendue au-dessus d'un puits sans fond, vrillée par des riffs aussi pollués qu'étouffés, le titre s'emballe ensuite pour avaler l'espace, suivant tout du long une ligne obsédante qui raclent l'esprit autant que la chair et dont la puissance émotionnelle vous hantera pendant longtemps avec ces notes décharnée d'une tristesse absolue qui ouvrent et ferment l'écoute, conférant à celle-ci une allure cyclique, ouroboros engourdi par le désespoir le plus profond.

Après un tel joyau, on se dit que PARAMNESIA aura fort à faire, impression que les Français balaient bien vite avec une pulsation dont le titre en forme de numéro s'inscrit de facto comme la suite de ses devanciers de \"Ce que dit la bouche d'ombre\". Emporté par une inspiration d'une force souterraine, \"III\" galope à travers des paysages d'une sombre et froide inexorabilité, course en avant qui ne peut s'achever que sur la mort. C'est un derelict douloureux tendu comme le foc d'un navire par ses guitares en forme de mur, de forteresse obscure dressée dans une nuit, tranchante et bouillonnante d'une sinistre négativité, ulcère d'une beauté noire et tragique. Du grand art tout simplement et point final !

Childeric Thor - 8/10