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Valkyrie : Man Of Two Visions

VALKYRIE - Man Of Two Visions

Meteor City / Kreation, 2008

Traditionnal doom / Heavy, Etats-Unis

CD

Un autocollant un poil racoleur me saute aux yeux à la découverte de la pochette de Man Of Two Visions de Valkyrie. « Featuring Pete Adams of Baroness ! », s'écrie le carton à mon égard, encre noire sur sticker argenté. Impossible de rester de marbre. BARONESS est devenu, à travers des disques tous unanimement félicités, un gage de qualité, une référence dont on n'a plus honte de se targuer. Pis, Baroness est devenu la porte de sortie que le metal cherchait depuis quelques années pour s'échapper de la crasse Metalcore-Roadrunnerisante ambiante. Alors on redécrasse ses vieux vinyls de LED ZEPPELIN, on crie son amour pour BLACK SABBATH, on pique quelques plans à MASTODON et le tour est joué, tout le monde est bluffé, chapeau bas messieurs.

Mais aujourd'hui on parle de Valkyrie et pas de BARONESS.

Le quartet hard rock de Virginie joue un heavy doom old-school, cambriolant à une bonne brochette de groupes des riffs qui baignent dans la carcasse encore fumante du grand méchant Blues. Une formule éculée, déjà administrée dans les années 70 par les grands sorciers du genre, enterrée chaque décennie mais toujours ravivée. Bref, une formule qui marche sans trop qu'on comprenne comment.

Alors moi j'ai envie d'essayer de comprendre.

Le son de Valkyrie, tout d'abord, vous embarque dans une DeLorean, direction les 70's. Ce qui frappe, c'est cette rondeur de la basse, au groove souvent indépendant des deux guitares, jamais prétentieuse. La batterie cavale parfois (Apocalypse Unsealed, sorte de course-poursuite à dos de dragon), mais sait souvent rester dans les clous, loin d'une batterie metal contemporaine. Mais ce sont les deux guitares, les deux mélodies tissées de concert entre les deux frangins Adams (False Dreams) qui imposent le respect. L 'entité Adams, comme on pourrait titrer même, tant le style est caractéristique aux deux têtes brulées de la six-corde, depuis l'impulsion du médiator sur la corde jusqu'au déferlement de décibels distordus mais jamais agressifs que crache l'ampli. A lampes, évidemment. Ne reste plus qu'aux deux rois de la Les Paul à se partager un chant éthéré, dans la plus pure tradition du genre. On pense à PENTAGRAM, obligé. Il faut avouer que le mimétisme est troublant, les lignes de voix atteignant les mêmes tessitures (Running Free, Man Of Two Visions).

L'album déroule une panoplie de riffs et de soli heavy as fuck, catchy as hell, sans prétention et sans honte non plus. Le kitsch décomplexé. Et c'est plus probablement là que se trouve la réponse : la musique est simplement bonne, c'est tout ce qu'on demande. On se met en jambes avec Running Free tout simplement, histoire d'avoir une idée d'où on se trouve et dès le premier break, on est séduit par cette simplicité qui fait la marque de fabrique de Valkyrie. Pas du grand talent, pas un niveau de jeu exceptionnel, on n'a pas non plus la sensation de toucher au sublime mais il suffit d'écouter Man Of Two Visions pour se laisser couler dans une torpeur un peu lourde, parfois presque stoner. Et à part pour la chanson Green Highlander, de loin la piste la plus faible de l'album, on se laisse porter par les grooves tour à tour lancinants, épiques, chaleureux... et ça marche.

La démonstration technique a pris du plomb dans l'aile et les frères Adams ne le savent que trop bien. Qu'à cela ne tienne, tant qu'on peut rassembler deux guitares, une batterie et une basse, on aurait tort de se priver de jouer du bon vieux rock'n'roll des familles. Finalement, cet album devrait plus vraisemblablement se nommer Vision Of Two Men tant l'osmose fonctionne. Reste à savoir ce que dira la suite et si Pete et Jake Adams confirmeront l'effort avec un excellent album qui lorgnera moins du côté des aînés, toujours eux. Voilà qui justifierait l'intervention d'un autocollant flattant la présence d'un membre de BARONESS dans Valkyrie sur le prochain album.

Azentrius - 7/10