Varathron : Crowsreign

Assez méconnu du grand public, Varathron n'en a pas moins un statut culte dans la scène underground black metal. Assez bizarrement en 15 ans de carrière, ce \"Crowsreign\" n'est que le cinquième enregistrement cd et plus précisément le véritable troisième album du groupe. Plus précisément, \"Crowsreign\" est le troisième album longue durée du groupe, succédant ainsi au premier album \"His majesty at the swamp\" en 1993 (réédité en 2001), et à \"Walpurginacht\" en 1995; \"Black Arts Lead to Everlasting Sins\" (sorti en 1991 et réédité en 1994) étant le fameux split album avec Necromantia, quant à \"Genesis of Apocryphal Desire\" sorti en 1997, il comprend en fait les deux demos cultes du groupe: \"Procreation of the Unaltered Evil\" (de 1989) et \"Genesis of Apocryphal Desire\" (de 1991), le tout avec trois inédits, et concernant le précédent enregistrement \"The Laments of Gods\" en 1998, il ne s'agissait que d'un mini-cd...Ce n'est bien-sûr pas le fait de sortir des albums à la chaîne et par routine qui fait la valeur d'un groupe. Varathron se révèle être un vieux groupe qui n'a rien à prouver, ayant fait parti d'une part des premiers groupes de black metal grecs avec Necromantia et Rotting Christ (les membres de ces trois groupes s'étant souvent mélanger; des membres de Rotting christ ont d'ailleurs fait partie du groupe au début, tout comme Magus Wampyr Daoloth de Necromantia était dans Rotting Christ) et qui a donc apporté sa contribution à l'élaboration du fameux style grec, et d'autre part, l'un des premiers groupes black metal international. La réputation évidente de cette formation est cependant cantonnée à l'underground et Varathron ne fait pas partie des groupes les plus connus de la scène metal extrême grecque...Moi-même je connaissais le groupe surtout de nom, notamment par leur split avec les populaires Necromantia, édité en cd en 1994, par des pubs à l'époque (avec de bonnes pochettes), et un ou deux titres qui m'avaient laissés en mémoire un style en gros proche de Necromantia...Je me suis donc replongé sur le contenu passé du groupe à l'aide des mp3 disponibles sur leur site, afin de me refaire une idée rapide de leur passé. Et oui, le passé correspond bien au son grec du début: un black metal très différent de celui pratiqué en Scandinavie, dans la veine de Necromantia: un son black avec ce coté thrashisant et mélodique à la fois, baigné dans une atmosphère occulte à l'aide d'éléments atmosphériques (guitares acoustiques, synthés).

Bien évidemment ce nouvel album de Varathron allie le présent au passé. En gros, Varathron a su modernisé avec efficacité son black metal typé tout en gardant les mêmes éléments. Déjà, la voix de Varathron qui n'a jamais été réellement black, est ici une fois encore assez proche du death, peut-être même plus grave que par le passé, sans être typiquement death puisqu'elle passe finalement bien, elle a un côté occulte. Je dirais que le côté mélodique et atmosphérique est très bien intégré et mieux mis en évidence que par le passé, mieux que ne le fait par exemple Necromantia, d'ailleurs il est très difficile aujourd'hui de faire une quelconque comparaison avec Necromantia, tant ces deux formations de référence autrefois réunies sur un même cd, ont fait leur chemin, chacune de leur côté. On retrouve pas mal de sons de pianos et d'atmosphères (comme les fameux tambours grecs à un moment...), beaucoup de passage acoustiques pour nous faire baigner dans ce monde occulte dont nous parle Varathron dans ses textes. Et finalement, tout au long des 64 minutes de cet album que ces 11 titres constituent, la monotonie ne s'installe pas. On a donc un black très mélodique (dont les grecs ont le secret) et atmosphérique tout en restant donc occulte, mais chose bien, dépouillée de ce côté \"black thrashisant\" qui caractérisait le début des années 90 en Grèce. Je dirais même qu'on retrouve parfois un peu le son développé par Nightfall à l'époque glorieuse de \"Athenian Echoes\". Et surtout, la musique est plus riche et mieux remplie. Varathron nous propose donc là un nouvel album moderne, ayant modernisé son propre style et enrichi ses bases. Un très bon album donc.

Adnauseam - 8/10