Cyclopean Records, 2011
Doom Metal, USA
12'' LP
Si le Doom US ou même le Doom tout court, vous intéresse, vous ne pouvez pas ignorer Phil Swanson, chanteur culte au physique aussi imposant que sa voix est immédiatement reconnaissable, sorte de croisement entre Ozzy et Bruce Dickinson. Sans vouloir minimiser le talent des musiciens qui l'accompagnent, les (nombreux) groupes auxquels il prête son immense organe (vocal) lui doit sinon tout au moins une sorte de patine très particulière. NIGHTBITCH ou ATLANTEAN KOEX autrefois, HOUR OF 13, SEAMOUNT, BRITON RITES et Vestal Claret actuellement, lui fournissent depuis quelques années un palmarès impressionnant.
Monté en 2005, c'est surtout depuis l'an passé que Vestal Claret voit son encéphalogramme s'emballer entre un 7 pouces brillant ( Virgin Blood ) et deux splits obscurs avec ALABTROSS puis UNGOD, sans oublier l'objet de cette chronique, Bloodbath , premier album attendu comme le messie. Autant l'annoncer tout de suite, le trio ne déçoit pas, faisant plus que se montrer à la hauteur de l'attente. L'objet, d'ailleurs uniquement disponible en vinyle, est même une manière de synthèse du Doom traditionnel actuel, et ce pour deux raisons.
D'une part, grâce à sa palette d'invités piochés chez ALTAR OF OBLIVION, FORSAKEN, SEAMOUNT ou BLACK PYRAMID (mention spéciale pour le visuel recopiant l'illustration de vieilles bandes horrifiques), Bloodbath scelle la fraternité qui cimente le genre, une histoire de famille et de valeur commune. D'autre part, avec son menu pantagruélique riche d'une douzaine de titres, il s'agit presque de l'album de Doom ultime, un Doom classique, à l'américaine donc où le Heavy Metal ne rôde jamais bien loin. On trouve de dedans aussi bien du chant féminin, utilisé avec autant de parcimonie que d'inspiration (\"Tales To Those Forgotten\" et \"Missing Girl\"), des morceaux épiques (\"Hex Of Arm\"), des hymnes qui vous collent aux cerveaux (\"Devil's Daughters\", \"Blood Oath\"), des pavés lestés de plomb (\"Endurement To The Heirs Of Shame\"), le tout baignant dans des relents de barbaques, de jeunes vierges violées et d'occultisme sympathique.
Tout y est et Phil Swanson survolle l'ensemble avec sa classe naturelle. Ses lignes de chant, fébriles parfois, révèlent d'une grande justesse de touche. Avec SEAMOUNT, Vestal Claret s'impose nettement comme le meilleur véhicule pour la voix du bonhomme au physique de camioneur et Bloodbath comme une oeuvre majeure de ce courant musical attachant qui reste, plus que d'autres sans doute, une question de foi avant tout. Bref, une leçon.