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Visthia : In Aeternum Deleti

VISTHIA - In Aeternum Deleti

ATMF, 2011

Indus Black Metal, Italie

CD

Alors que lorsque le genre n'en était encore qu'à ses premières églises brûlées, l'Italie, faute peut-être de l'humus propice à la prolifération d'une engeance noire, prêtait plus à sourire qu'à faire frémir dans ce domaine, le Black Metal transalpin semble depuis quelques années vouloir de racheter une virginité. Et on ne compte plus les groupuscules au goût d'interdit bien décidés exalter un art plus exigent que ce que certains veulent bien croire. C'est en toute logique que beaucoup d'entre eux trouve refuge chez le revendeur national ATMF, label élitiste s'il en est, peu habitué à signer le premier sataniste bas du front venu mais au contraire des artistes, des vrais, détenteurs d'une vision de leur art.

Auteur d'un premier méfait en 2006 dont votre (pas si) humble serviteur doit reconnaître qu'il n'a pas eu la chance de poser ne serait-ce qu'une moitié d'oreille dessus, Visthia ressugit de l'oubli avec le tardif successeur de Reditus Conscientia . Les Italiens, qui peuvent compter désormais sur la présence derrière le micro du chanteur de ARCANA COELESTIA (LS), sont les architectes d'un Black Metal extrêment sombre dans sa peinture oppressante d'un monde désincarné. Sons bruitistes (\"Id Vidi Splendere Nocte\"), voix trafiquées ou vocirant un discours envenimé, instruments aux allures de défilés martiaux déterminent un art froid comme la pierre de ces édifices autoritaires.

A l'instar de ses compagnons d'écurie, JANVS ou TRONUS ABYSS et ce, bien que les trois ne nouent finalement que peu de liens entre eux, Visthia se pare à sa manière, proche de la musique industrielle d'un ABORYM notamment, d'une armure dictatoriale, comme s'il se nourrissait d'un passé fasciste effacé mais trouvant dans le Black Metal un véhicule à sa mesure, quand bien même le groupe ne saurait être arrimé à une quelconque mouvance extrémiste. On aime quand les Italiens misent tout sur les atmosphères, témoin les premières mesures mortuaires ouvrant \"Ut Sibilus Flagelli\", dont les aplats tout d'abord hypnotiques puis grésillants cèdent ensuite la place à une plastique plus agressive et donc moins surprenante. On aime également lorsqu'ils capturent l'essence venimeuse et primitive qui palpitait dans les veines des Grands Anciens, à l'image de \"Horrete Coela\", piste Ambient vibrant aux sons sinistres de riffs sévères sur fond de martèlemements guerriers.

De fait Visthia gagnerait à explorer les traits les plus lourds et Indus d'une personalité encore en gestation et se montrer aussi intriguant et d'une aussi laide beauté que son très réussi visuel. Oeuvre inégale, In Aeternum Deleti illustre toutefois la vitalité d'une scène italienne que l'on ne cesse de découvrir...

Childeric Thor - 7/10