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Wÿntër ÄrvÅ„ : Sous l'orage noir - L'astre et la chute

Antiq Records, 2025

Neofolk, France

Album CD

Si en 2021, "Abysses" nous a cueilli par surprise car nous connaissions alors peu W​ÿ​nt​ë​r Ärvń, projet dont le nom se confond avec celui qui est en son âme, l’ancien guitariste de Aorlhac, il en va bien sûr tout autrement de "Sous l’orage noir - L'astre et la chute", justement parce que son admirable prédécesseur nous a enchanté au point de guetter désormais tout nouveau signe de vie du musicien sous cette bannière boisée.

Si vous avez raté les deux épisodes précédents, sachez que W​ÿ​nt​ë​r Ärvń baguenaude le long d’une sente forestière et acoustique qui n’est pas sans évoquer le "Kveldssanger" de Ulver, le "Where At Night The Wood Groose Plays" de Empyrium voire les travaux de October Falls. Dans le sillage de "Abysses", superbe dans la forme, poétique et mélancolique dans le fond, "Sous l’orage noir – L’astre et la chute" tisse une trame essentiellement instrumentale, propice à une rêverie solitaire, à une balade introspective. Très rarement, quelques mélopées vocales viennent s’immiscer dans cette déambulation osseuse, qui peuvent être féminines, comme sur le beau ‘Appelé à l’abîme’, ou masculines - celles du maître des lieux – lesquelles, aux allures de psalmodies terreuses, contribuent alors à perturber la triste quiétude qui règne dans ce sous-bois (‘L’astre et la chute’).

Toute une palette d’instruments traditionnels aident W​ÿ​nt​ë​r Ärvń dans son évocation nostalgique échappée du fond des âges. Flute, clarinette (‘Vingt ans de brouillard’), cornemuse, violoncelle, hurdy gurdy ou harpe jonchent ainsi ce voyage tracé par une guitare squelettique dont la sève émotionnelle emporte tout (‘Un voile sur l’azur’). Si les ténèbres couvent parfois sous l’écorce (‘Ad Vesperam’), l’ambiance se prête avant tout au recueillement, bercée par une douce mélancolie (‘Remembrances’). Chaque pièce a quelque chose d’un tableau finement ciselé, d’une grande pureté de touches comme de traits, et d’une belle force évocatrice qui permet au musicien d’en dire beaucoup avec une épure admirable sans jamais se départir de cette triste noirceur qui l’enracine toujours dans un humus black metal.

S’étirant sur à peine plus de trente minutes, l’œuvre pourra sembler trop courte. Il est vrai que son écoute file très vite, pouvant laisser une (fausse) impression de trop peu. Elle est pourtant parfaite ainsi, équilibrée dans sa progression, tertre indivisible, élaboré dans sa globalité sombre et bucolique tout ensemble qui aurait rendu tout morceau supplémentaire finalement superflu en cela qu’il en aurait rompu cette fragile alchimie. "Sous l’orage noir – L’astre et la chute" est encore une fois une merveille d’écriture et d’atmosphères dont les teintes acoustiques et boisées ne l’exonèrent jamais d’un certain désespoir connectée à une nature mystérieuse et minérale. 

Childeric Thor - 8/10