La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Weress : Rêveries chevaleresques

Ancient King Records, 2024

Dungeon Synth, France

Album CD

Il y a quelque chose de profondément mystérieux chez Weress. Mystère entourant celui qui en est l’âme, un certain John Lordswood dont le visage demeure prisonnier derrière un masque tant sur les photos que lors de ses rituels scéniques, comme dernièrement lors du Dark Dungeon Festival en Belgique (dont un enregistrement a d’ailleurs été tiré). Mystère surtout d’une musique empreinte d’une solitude rêveuse doublée d’une forme de nostalgie paisible.

Le projet a vu la nuit en 2012 mais n’enfante sa première offrande (Vision d’une étoile) qu’en 2016. Huit ans plus tard, Rêvasseries chevaleresques vient enchanter nos déambulations contemplatives et solitaires. L’honnêteté oblige votre serviteur à reconnaître à la fois que Weress lui était jusque là inconnu et que le genre auquel il se rattache, le dungeon synth, ne lui est pas davantage familier en dehors des artistes du label Gondolin Records et bien sûr des travaux matriciels de Burzum, Wongraven, Summoning ou Mortiis. La force de cet opus n’en est finalement que plus grande car il est nul besoin d’être un habitué de cette excroissance ambient du black metal pour être transporté par les mélodies minimalistes qu’il égrène avec un sens de l’atmopshère ancestrale et tendrement désolée.

Son titre vaut tous les discours, toutes les descriptions. Rêveries chevaleresques évoque les temps jadis, processions romantiques à travers un Moyen-Âge de châteaux forts, de combats héroïques et d'amours galants. En dépit de quelques effluves hantées, qui nimbent notamment l’amorce ‘Lueurs nocturnes’, l’ambiance n’est pas celle, sombre, d’une gêole glaciale mais de récits légendaires et oniriques dont le Français est le peintre sincère et modeste. Squelletique, la trame qu’il tisse n’en vibre pas moins de multiples lueurs, parfois doucement menaçantes (‘Forces guerrières’) ou plus emphatiques (‘Cavalier noir sur le pont-levis en cristal’), souvent quasi spatiales (‘Aurores dans le ciel’), toujours belles comme un chat qui dort (‘Les racines’).

Flânerie électronique, Rêveries chevaleresques a quelque chose d’une tapisserie ancienne grâce à laquelle des histoires fantastiques prennent vie. 

Childeric Thor - 7.5/10