La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Wintermoon : Cold Sky Rising

Percussive Spectre, 2023

Black Metal, France

Album CD

Après plusieurs années d’une carrière en pointillés (deux EPs en dix ans qu’encadrent de longues périodes de silence), les choses semblent enfin bouger pour Wintermoon. Autour de Gryp, son âme fondatrice, plusieurs musiciens ont été recrutés depuis 2021, constituant ainsi un véritable groupe, quand bien même le chanteur et multi-instrumentiste en demeure l’unique auteur. Ce qui aboutit aujourd’hui à un tardif premier album que nous n’attendions presque plus.

Ceux qui ont posé une oreille (au moins) sur Autrarky et Heartfire ne seront ni dépaysés ni déçus par ce Cold Sky Rysing qui, comme ces deux ébauches, braconne sur les terres gelées d’Immortal et plus particulièrement celui de la période At The Heart Of Winter. Peut-être pas la plus evil et brutale pour les ayatollahs mais assurément la plus épique et mélodique quoique toujours aussi – voire plus -glaciale. Wintermoon ne cherche du reste absolument pas à nier cette influence. Comment le pourrait-il d’ailleurs en ayant choisi de se baptiser ainsi (confer ‘The Call Of The  Wintermoon’ sur Diabolical Fullmoon Mysticism) et en cultivant tout un univers neigeux et minéral qui ne peut qu’évoquer la geste norvégienne.

De ‘Battle On ice ‘à ‘Under The Icy Breath Of Ymir’, les titres des chansons eux-mêmes traduisent l’évident tribut que Gryp doit à ses aînés scandinaves. Ajoutons à cela une voix de spectre enrhumée qui pourrait être celle de Abbath et des riffs obsédants sculptés dans les fjords éternels du Grand Nord et le décor est planté, nocturne et montagneux, enraciné dans le permafrost. Cela suffirait déjà à justifier qu’on s’intéresse à Wintermoon et ce, d’autant plus qu’il ne reste désormais plus grand-chose d’Immortal dont le seul Demonaz maintient encore la légende en vie.

Mais Gryp est un musicien trop talentueux et inspiré pour se contenter de réduire son groupe à une simple copie aussi habile soit-elle. Son art de l’écriture acérée n’est plus à démontrer, ce qui lui dicte des compositions qui ont assez d’épaisseur pour exister par elle-même, comme l’illustrent avec la puissance d’un blizzard (Beasts) des morsures telles que ‘Jötnar’s Wrath’ ou ‘Under Truimphant’. Surtout, il sait mieux que quiconque capter l’essence glaciale et lugubre et néanmoins majesteuse de toute une géographie et une mystique polaires qui lui inspirent ses plaintes les plus épiques et remarquables à l’instar de ‘Winterheart’ qu’ouvrent des arpèges désolés sur lesquelles plane l’ombre du regretté Quorton (Bathory évidemment) ou les envoûtants ‘Frost Giants March’ et ‘The White Earth’.

Cold Sky Rising n’est donc pas seulement un des plus beaux hommages rendus à Immortal mais un superbe album de black metal tout court, œuvre d’un musicien sincère et habité.

Childeric Thor - 8/10