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Dans ma peau

Films Drame / Psychologique / Auto-destruction

Marina de Van
2002
France

Ce qui surprend d'abord dans ce film c'est le personnage central. Esther, jeune femme, la trentaine, ambitieuse, le genre jeune cadre dynamique, cherche à avoir une vie comme tout un chacun, se marier et acheter un appartement avec son compagnon. Bref d'un ennui assassin. Marina de Van campe elle-même ce rôle. C'est d'abord une gueule, un faux air de Béatrice Dalle. Heureusement une curiosité morbide pour la découverte de son corps, plus précisément de sa chair, va la faire basculer dans un univers solitaire, à mi-chemin entre la détresse et la jouissance. Tout le film est basé sur le thème de l'auto-mutilation et sur une descente mortifère où sombre notre héroïne.
Son compagnon, interprété par Laurent Lucas (Harry, un ami qui vous veut du bien) découvre qu'il vit avec une femme qu'il ne connait finalement pas. A travers mensonges et subterfuges vis-à-vis de son rang social et de son futur mari, ce film est d'abord un hymne à disposer librement de son corps. Ce n'est pas tant l'auto-destruction qui en ressort mais une sensualité macabre, une concupiscence infernale et une immersion dans son propre moi. On retiendra surtout un temps fort dans la chambre d'hôtel où Esther se met en scène, toute coagulante et engluée d'hémoglobine, devant un miroir comme si elle découvrait un autre soi. Elle en ressort avec une multitude de photos de ses scarifications et un lambeau de peau qu'elle fera ensuite tanner.
Il ne faut pas s'arrêter aux scènes d'une crudité parfois stupéfiante mais retenir l'esthétisme d'un film, notamment la plastique irréprochable de la réalisatrice et sa performance d'actrice. Pour un premier long-métrage il fallait oser un tel sujet. Une vrai réussite.

Mönnos