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Edelweiss Pirates

EDELWEISS PIRATES

Films Guerre / Histoire

Edelweiss Pirates
Année : 2004
Réalisateur : Niko von Glasow
Durée : 93 minutes

Les Edelweiss Pirates sont des jeunes Allemands (entre 14 et 18 ans en général), plus ou moins organisés, qui, à la fin de la seconde guerre mondiale, hantent les villes détruites par les bombardements. Leurs activités et leurs idées ne sont pas toujours claires mais en général ils se battent avec les jeunesses hitlériennes, peignent des slogans anti-nazis sur les murs ou distribuent des tracts.

L'histoire s'arrête sur l'un d'entre eux, Karl Ripke, 17 ans. Karl a perdu sa mère dans un bombardement et son grand frère au front. Il lui reste son père, au front, sa belle sœur, qui survit comme elle peut avec deux enfants en bas âge, et puis son petit frère Peter, qui est dans les jeunesses hitlériennes. Deux évènements font changer le destin de Karl. Tout d'abord, la mort de son père, anti-nazi convaincu, va faire basculer Peter du côté des Pirates. Et puis, au cours d'une sortie, les Pirates récupèrent un prisonnier évadé, Hans Steinbrück (aussi connu sous le nom de Bomber Hans pour ses connaissances des explosifs).

Plus vieux que les Pirates, Hans essaie, malgré une sourde rivalité amoureuse qui l'oppose à Karl, de les regrouper autour d'un projet d'ambition: faire sauter le quartier général de la Gestapo à Cologne. Mais la Gestapo veille et la répression ne tarde pas à frapper les Edelweiss Pirates. Le but de Karl est de sauver son frère mais devant le comportement souvent enfantin de Peter, c'est l'engagement politique de Karl qui est menacé.

Les frères Ripke sont des personnages de fiction mais les Edelweiss Pirates ont vraiment existé. Le film cherche à leur rendre hommage, et notamment aux treize d'entre eux pendus par la Gestapo fin 1944. Pourtant certaines controverses subsistent outre-Rhin: les Edelweiss Pirates ont été des victimes du nazisme mais étaient-ils de vrais résistants ou des adolescents révoltés à la limite de la légalité? En 1984, l'Etat d'Israel a tranché en nommant deux Pirates Justes parmi les Peuples.

Le film a l'intelligence de ne pas trancher et de laisser le soin au spectateur de juger. C'est ainsi que les personnages, tous très bien joués, sont présentés dans toute leur complexité. On peut voir par exemple chez Peter la même aspiration au martyr dans les jeunesses hitlériennes que parmi les pirates. Le personnage de Hans est intéressant également: élevé dans un régime violent, toutes ses réactions sont gouvernées par la violence.

L'ambiance générale du film est très proche de celle de La Chute , sorti la même année. On y retrouve le même aspect de fin du monde au niveau des décors, de Cologne en ruines mais également dans les cellules et locaux d'interrogatoire de la Gestapo. C'est la même chose au niveau des personnages. Dans une espèce de zone de non droit, on voit les habitants terrés dans des maisons presque insalubres partagés entre ceux qui veulent survivre à tout prix et ceux pour qui vivre ou mourir ne fait aucune différence.

C'est renforcé par le mode de tournage. D'abord, la caméra est au cœur de l'action, parfois à quelques centimètres des protagonistes. Il n'y a presque pas de plan large et le spectateur n'a aucun recul. Ensuite, l'histoire est construite en ellipses: une scène s'interrompt brusquement et on passe à autre chose. Cela donne un rythme étrange à la narration et surtout un climat oppressant.

Pour terminer, le film a été nommé au Festival de Montréal.

Tryphoninus