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Hunger

hunger_film

Films Guerre / Histoire

Steve McQueen
2008 - Angleterre
96 mn

Bande de pitres, le réalisateur Steve McQueen n'a rien à voir avec l'épatant acteur des années 60-70. Le seul point commun entre les deux personnes pourraient simplement se trouver dans leurs caractères peu commodes. Je me souviens d'une interview sur Arte où le black envoyait chier à tout va le journaliste qui le gonflait avec des questions lui semblant vraiment stupides. Cette force de caractère on la retrouve dans la réalisation de ce film, très sobre et pourtant tout à la fois emprunt de lyrisme. Comme quoi, la surenchère de moyens et d'effets d'esbroufe propre au cinéma de consommation amerlock ne sont pas nécessaires pour captiver et choquer / émouvoir. Le film traite de la grève de l'hygiène dans un premier temps puis de la grève de la faim menées par des détenus politiques irlandais dans les années 80 afin d'obtenir un vrai statut de détenu politique. À cette époque c'est le gros bordel en Irlande entre protestants et cathos, et manque de pot pour ces derniers, ils sont réprimés violemment par les british au pouvoir. Le film s'attache particulièrement à Bobby Sands, qui mourut, ainsi que 9 autres sympathisants de l'IRA, suite à sa grève de la faim. Le film est dans sa première moitié hyper-clinique, mécanique dans le cadrage et l'enchainement des plans froids et déshumanisant. Aucun personnage ne se détache réellement des autres, il n'y a pas de héros, juste des figurants et quelques protagonistes récurrents dans le cadre carcéral. Puisque l'on suit premièrement quelques matons, le cadrage carré semble bien s'appliquer, puis on suit de plus près deux détenus faisant cette fameuse grève de l'hygiène. Les plans sont plus serrés à ce moment là, on se sent forcément plus proche d'eux, et on ne peut que rester admiratif face à leur détermination, vivant dans une cellule dégueulasse, barbouillant les murs de merde, vidant l'urine dans le couloir. On voit aussi que nos très chers voisins anglais savent y faire en matière d'humiliations et de tabassage. À garder dans un coin de son esprit lorsqu'ils viendront nous faire la morale. Le tournant du film est ce long plan séquence de 16 minutes, assez emmerdant à vrai dire, mettant en scène Bobby Sands face à un prêtre, ce dernier essayant d'empêcher cette grève de la faim qui lui semble être un suicide (à juste titre). La dernière partie du film montre le calvaire volontairement enduré par Sands, avec une performance physique hallucinante. L'acteur est émacié à crever, d'une maigreur insoutenable, et les maquillages des diverses plaies purulentes sur son corps contribuent à encore plus dégouter le spectateur. Un film fort et sans concession sur le traitement des détenus politiques irlandais par les rosbeefs.

Dr J.