Films Guerre / Histoire
France
J.P. Jeunet
2004
2 h
Née en 1900, Mathilde est orpheline. Elle a vu aussi partir son fiancé Manech pour le front de la Somme en 1917. Et en 1919, comme des millions d'autres "poilus", il est déclaré "Mort au champ d'honneur", du moins selon l'avis officiel. Pourtant, Mathilde refuse d'admettre cette évidence. Elle se raccroche à son intuition comme au dernier fil ténu qui la relierait encore à son amant. Un ancien sergent a beau lui raconter que Manech est mort sur le no man's land d'une tranchée nommée "Bingo Crépuscule", en compagnie de quatre autres condamnés à mort pour mutilation volontaire, rien n'y fait. Mathilde refuse de croire à son décès. Elle se lance dans une véritable contre-enquête, mettant tout son temps et son héritage au service de cette tâche.
La première heure du film est assez soporifique, avec la voix d'Audrey Tautou en narratrice ; même si tout le monde trouvait cela génial dans un film cucul comme "Amélie Poulain", c'est totalement incongru dans la boue des tranchées de la Somme. La guerre y est présentée de façon misérabiliste et stupide, dans la droite vision d'un Tardi en B.D., même si la mièvre sensibilité des acteurs principaux n'est pas aussi creusée que dans de "Amélie Poulain". Heureusement, la splendeur des scènes de reconstitution du champ de bataille rattrape un peu cet aspect cliché. D'ailleurs, le film est tourné de manière futuriste et nerveuse, ce qui donne une ampleur extraordinaire aux scènes de combats.
Puis, au cours de la deuxième heure, on se prend à cette enquête quasi-policière : le rythme s'accélère fortement, la voix off horripilante disparaît, le mystère s'épaissit : de faux espoirs en incertitudes, Mathilde démêle peu à peu la vérité sur le sort de Manech et de ses camarades, à l'occasion de rebondissements multiples, quoique toujours invraisemblables.
L'idée principale du film de traiter du problème des "morts-vivants" de la Grande Guerre, est en fait fortement pompée sur l'excellent film de Bertrand Tavernier "La vie et rien d'autre". "Un long dimanche de fiançailles" se laisse donc regarder par les amateurs de films de guerre, même s'il s'agit avant tout d'un film d'amour.