La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Mesrine : L'instinct de mort & L'ennemi public n°1

mesrine_film

Films Thriller / Suspense

Jean-Claude Trichet
2008
France

Impossible d'être passé à côté du buzz suscité par ce film sorti en 2008 puisque le projet ambitieux de Trochet et Dafri respectivement réalisateur et scénariste) a pas mal remué les médias à l'époque. Apologie de la violence et du gangstérisme, mépris des victimes, glorification du personnage de Mesrine, je t'en passe et des meilleures. Et puis surtout scénarisation très approximative des réels évènements, le 1er volet étant une adaptation du livre de Mesrine même, L'instinct de mort, sachant que le voyou était, de l'aveu de ses propres compagnons, très grande gueule et avide de reconnaissance, quitte à raconter des balivernes. Le 1er volet du diptyque nous montre un Mesrine tout d'abord au service de l'armée française en Algérie, et chargé de la " corvée de bois ". le retour à la vie civile se fait difficilement, et il préfère voler plutôt que de bosser. Son patron d'alors est Guido (Gérard Depardieu). Les vols, les femmes, les coups de sang, Mesrine doit fuir au Québec avec sa maîtresse du moment. Détention suite à des cambriolages dans une prison de haute sécurité dont il s'évade, pour revenir lourdement armé afin d'essayer de libérer ses coturnes d'alors. Le film romance certes l'action, mais rien que cette 1ere partie est proprement hallucinante, notamment lorsque Mesrine essaie d'assaillir la prison québécoise. La deuxième partie se déroule majoritairement en France, où Mesrine fait divers coups tordus, cambriolages, enlèvements, avec des partenaires différents (excellents seconds couteaux avec Le Bihan, Lanvin et Amalric) pour finir abattu comme un chien par la brigade antigang. Les deux films se regardent sans déplaisir, très alerte, avec d'excellents dialogues, et un Cassel brillant, proche par moment dans ses attitudes de voyou en quête de respect d'un De Niro. On notera toutefois que les attitudes ne sont pas très éloignée de celles de ces chers jeunes des cités, qui veulent être respecté à tout prix, veulent du fric et des filles faciles sans se crever le cul. Cash, gun, pétasses, à croire que c'est le mythe universel du voyou. Le film montre un Mesrine n'étant qu'un vulgaire gangster de plus voulant être connu et reconnu par la presse, avide de fric sous couvert d'une idéologie soit disant révolutionnaire. Il volait aux banques, mais il dépensait le fric dans tout ce qu'il y a de plus consumériste : bagnoles, bijoux etc. Comme le dit l'un des personnages dans le film, il fait tourner ce système qu'il veut soit-disant mettre à bas. Mesrine a néanmoins su profiter du tapage médiatique car déjà à l'époque la presse avait ce pouvoir de faire une réputation. Techniquement le film est bien branlé, mais je regrette que les décors sont parfois trop nickels, trop lisses, et cet aspect studio casse le lyrisme du film. Le final, tout le monde le connait, abattu en pleine ville, un scandale à l'époque, et à rebours puisqu'une instruction a été ouvert en 2000. On a vraiment que ça à branler dans ce pays. Surtout concernant un mec ayant braqué, torturé et extorqué. Mais bon, des truands flingués par la flicaille, c'est, hélas, du passé... Maintenant c'est l'ère de la protection des raclures aux dépends des victimes. De nos jours, Mesrine serait un héros, et nous, salauds de prolos, des lâches, ou encore mieux, responsables du comportement de ce genre de mec.

Dr Jabuse