Arts noirs
L'art contemporain est typique d'une période que l'ont dit « chaotique », et notre époque est sans conteste une époque de troubles. L'art est vaste, riche, varié et s'exprime sous des formes parfois impromptues. Beaucoup d'artiste émergent, peu arrivent à percer parmi une culture qui s'exprime souvent dans une ambiance d' « élite », ou la rébellion plasticienne et la subversion étaient parfois gratuites et dénuées de sens ou de puissance.
Jean Michel Basquiat fait partie des peintres et plasticiens qui ont su percer cette élite d'artistes en proposant une vision du monde et de la réalité de façon pertinente, en toute beauté. Considéré comme le Van Gogh du 20ème siècle, Basquiat est un artiste américain d'origine haïtienne par son paternel. Il fut donc le premier peintre noir le plus adulé de son époque avec un art vertigineux et singulier et surtout, indéniablement moderne.
Van Gogh n'arrivait pas à vendre ses toiles. Parfois même, il n'arrivait même pas à les donner. Trop moderne, trop expressionniste, considéré comme un fou par l'expression sauvage de ses couleurs, c'était le premier peintre du bitume maudit.
De même, Basquiat a commencé son aventure artistique sur les murs de New York. Grapheur de génie, son pseudonyme de ses débuts « Samo » poussait le long des rues New Yorkaises avec des phrases subversives et particulières. Avec les années, Samo réussit à imposer son nom dans l'underground des artistes du bitume.
Les taudis de Manhattan étaient une gigantesque forme d'expression pour Basquiat, il imposait alors son art dans l'ombre et vacillait entre emplois précaires, drogues et manque d'argent.
Cependant, au courant de l'année 1979, Basquiat participe régulièrement à une émission du câble où son art commence à être reconnu et participe plus tard à une exposition de groupe, offrant son art urbain, violent et énergique aux cotés des plus grands plasticiens de la scène New Yorkaise de l'époque. La rencontre entre Basquiat et le poète René Ricard fut décisive pour la réputation de son art et le lança sur la scène internationale.
Ainsi, Basquiat réussit donc à exposer son art dans diverses salles d'exposition, avec un atelier bien à lui. Libre de créer à son gré, Basquiat nous offre entre 1982 et 1988 ses plus belles œuvres. La violence, l'énergie et l'amplitude de ses toiles seront considérées comme du néo-expressionnisme par les critiques de l'époque, un expressionnisme sauvage qui étonnera et ravira beaucoup d'artistes tels que Julian Schnabel, Enzo Cucchi et surtout Andy Warhol : ce dernier influencera beaucoup l'art de Basquiat et il réussira à établir avec lui une relation artistique fraternelle unique.
L'art de Basquiat restera donc une empreinte forte dans l'histoire de l'art. Son expression artistique était sans limites, ses débuts de grapheur urbain ont fait de Basquiat un peintre d'avant-garde unique : mêlant mortalité, phrases et mots incisifs, décors urbains, collages violents et tribals, nuances et images figuratives. Une originalité vestige de toute la violence de son époque. Toute son œuvre restera intègre à son milieu underground et exprimera l'esthétisme et la beauté sous une apparence grossière, dense et violente.
L'art de Basquiat est donc naturellement un art de primauté contrôlée, il a su l'exprimer sous un déluge de couleurs et traits complexes et vifs, démontrant un expressionnisme sauvage et virtuose. Poète brut de rue, peintre subversif, virtuose de l'underground, Basquiat avec son art bref et son œil inégalable, a su créer en toute honnêteté un esprit sincère et désinvolte au sein d'un art essoufflé, d'une époque en plein questionnement sur son art.
Il meurt d'une overdose en 1988 à l'âge de 27 ans. Désormais, ses toiles se vendent parmi les plus chères sur le marché de l'art actuel.