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Cinq questions pour bien comprendre le Black Metal

Musique

Le black metal est en pleine expansion : il est inutile de le rappeler, sauf aux Martiens qui ne sont pas descendus sur Terre depuis 1996. Et comme tout mouvement qui grossit et se diversifie, les diverses conceptions du B.M. peuvent s'affronter sur plusieurs détails, du plus bénin au plus virulent ... Façon " C'est mon [putain de] choix ", voici quelques pistes. A vous de forger votre propre style là-dedans, le tout étant de rester cohérent !

Pour ou contre les paint-corpse et clous ?

satan Le maquillage noir et blanc, appelé parfois " style panda " (!) a été emprunté au heavy (King Diamond / Mercyful Fate, KISS...). Les clous et chaînes, elles, ont été d'abord utilisés par les punks, sous des formes variées (poignets, boucle sd'oreilles...) et rapidement aussi dans le heavy et le glam. Rob Halford de Judas Priest en a vite fait une énorme consommation, délimitant ainsi les " standards " pour le métal ! Ces articles extrêmes furent utilisés ça et là dans tous les styles de métal dans les années 1980 (par exemple, voir la pochette de Show No Mercy de Slayer !) avant de devenir le symbole exclusif du B.M. (à quelques exceptions près Slipknot, par exemple). Les clous ont des formes plus viriles (longs ou dits " allemands ") et la violence de la musique se mesure parfois au nombre de rangées de clous sur le poignet, et à son poids ! Coté maquillage, il doit évoquer davantage les guerriers barbares européens que les travestis des deux vagues glam-rock ! Il doit être appliqué simplement, sans fioriture : blanc en fond, et noir autour des yeux. Parfois du rouge suinte de la bouche pour évoquer le sang ... Rappelons que les guerriers barbares l'utilisent depuis l'Antiquité, et encore au Moyen-Age pour impressionner l'ennemi. Des Gaulois aux Vikings, combien de gens superstitieux ont cru voir des " démons " fondre sur eux ? La technique est encore bonne, puisque nombre de parents de kids trouvent cela effrayant et choquant. Certains groupes voudraient même rompre avec cette tradition pour rendre le black plus accessible... D'autres (Emperor...) ont même abandonné ce masque devenant ainsi la marque des puristes du black et du satanisme... Mais c'est le débat suivant...

Le black metal doit-il être sataniste ?

satan Dès ses glorieux débuts, le B.M. est sataniste. L'idée n'est pas nouvelle, d'ailleurs, car tous les bien-pensants ont vu Satan dans les premiers bluesmen puis dans le rock ! Le gros Elvis est tellement bon qu'il serait inspiré par le Malin... Mais le black le revendique (voire le pratique) d'abord pour choquer et en fait finalement sa marque de fabrique ! Les premiers Venom donnent le ton dans son cultissime Black Metal : " Nous buvons le vomi des prêtres, faisons l'amour avec des putes mourantes, nous suçons le sang de la Bête, et possédons la clé du portail de la mort ! " ; tout cela avec pentacles, 666 et autres simulacres de rituels noirs à l'appui ! Même si Abaddon, le batteur, avoue finalement regretter la radicalisation religieuse de cette scène, la porte est ouverte, et tout le monde s'y engouffre joyeusement ! Satanistes, lucifériens, nihilistes nietzschéens, simples athées, racialistes et nationaux-socialistes, curieux en mal de sensation se retrouvent réunis pour démonter la religion chrétienne et ce qu'il en reste encore ! Pourquoi pas ? D'ailleurs, c'est un combat louable, car il n'a pour but que l'affranchissement de l'esprit humain ! Les dérives dénoncées par les médias (meurtres et profanations) sont extrêmement rares et pas toujours le fait de " satanistes " ! Vu comme une philosophie de vie ou une croyance marquée par des rites symboliques, le satanisme (dans sa formule majoritaire et officielle) ne prêchent que la Liberté, loin des troupeaux grégaires allant prier, bien encadrés par leurs prêtres... Aussi, le satanisme a été beaucoup galvaudé, mais la tendance actuelle serait plutôt un retour au paganisme (Satyrion, Emperor), plus facile à "justifier". Mais certains clament haut et fort leur implication dans le satanisme, afin de ne pas être noyé par cette nouvelle tendance (Dark Funeral, Gorgoroth). Face à cette débauche anticléricale, un courant (minoritaire et plutôt récent) se fait jour : il trouve que c'est trop méchant de critiquer la religion, voire que la religion c'est bien et que faut être cool sur le sujet pour vendre plus de CDs... A ceux-là, je dis de faire du white metal (R.I.P.) ou du hardcore : ils iront au Paradis plus vite et ne nous ferons pas chier ! De plus en plus, ses représentants militent aussi contre la viande au menu, l'alcool, le tabac, les drogues et le cul ! Un ex-membre d'Helloween (Kiske pour ne pas le nommer !), ainsi que bien d'autres, ont oublié le message original du metal en crachant dans la soupe et se transformant ainsi en apôtres végétariens et sectaires... Sans compter toutes les " rock stars " qui se sont converties, remerciant parfois Dieu dans leurs albums : Max Cavalera, Dave Mustaine, Tom Araya... Attention ! Les dictateurs de la pensée unique sont dans la place !

B.M. N.S. contre B.M. nihiliste

satan Depuis qu'un certain L.F. a fondé Kristallnacht, un bon groupe black d'inspiration NS (nazi pour les incultes !), une scène s'est créée en France autour de ses idéaux, apparemment sans lien direct avec les célèbres skinheads. En Norvège, tout le monde a en tête l'unique membre de Burzum, qui, du fond de sa taule, a fait tant d'émules dans toute l'Europe ! Il écrirait d'ailleurs un opuscule sur le sujet... Encore très minoritaire, quoiqu'en disent ses membres, cette scène black NS (et groupes affilés) grossit et s'organise. Il est vrai qu'il est tentant de faire coïncider extrémisme musical et politique, notamment à l'appui de thèmes similaires : culte de la force, des Anciens et de leurs dieux, individualisme et anti-monothéisme. D'ailleurs certains de ses groupes sont musicalement intéressants (Graveland, Armaggedon, Ad Hominem, Seigneur Voland,Funeral, KN, Chemin de haine...), d'autres ne semblent avoir que leur idéologie à nous servir... Mais là où le bas blesse, c'est que le public de cette scène aime souvent faire chier le public nihiliste, allant jusqu'à provoquer stupidement les groupes eux-mêmes pendant les concerts tout au long de l'année 2002 (voir les live reports)... Bizarre pour des amoureux de l'Ordre. Il est évident que l'image médiocre du métal n'avais vraiment pas besoin de cette triste pub ! La politique et le métal ne font donc pas bon ménage ; chacun pense ce qu'il veu. Pourquoi y aurait-il plein de marxistes innondant le métal de leur rhétorique et pas de nationalistes ? Il faut être équitable ! Mais foutre la merde en concert est intolérable ! Et la vague NS ou " 88 " ne semble être qu'un trend de plus, entre trend viking et vampire... D'ailleurs, face à ce triste spectacle, le fameux L.F. rejette le titre de chef de file, arrête KN, et avoue regretter cet " entrisme " NS dans le black, concédant que n'est pas là la réelle nature du B.M.

Raw / True B.M. ou sympho-kitsch B.M. ?

satan A la base, le black des années 1980 est minimaliste, en réaction avec tout ce qui s'est fait avant : technique à rendre jaloux un manchot, structures simples et fluctuantes, son négligé, voix écorchée et incompréhensible... Pas de fioriture inutile ! Le but est de poser une ambiance et de défendre un esprit, pas d'imposer d'interminables soli ni d'étaler notre belle prose à l'appui d'une zolie voix ! Tout cela ressemble étrangement au punk né quelques années plus tôt... Les monstres sacrés du B.M. que sont Bathory, Celtic Frost, Hellhammer, venom... l'ont voulu ainsi, à quelques variations près ! Il est vrai que leur manque de moyens à l'époque a aidé la création de ses " règles " ! Mais leur mérite est justement d'avoir créé à partir de rien... Le début des années 1990 voit la vague du " revival " garder l'esprit minimaliste, et accélérer même fortement les tempi tout en améliorant leur production (Dark Funeral, Immortal, Mayhem, Marduk, Rotting Christ, Emperor, Impaled Nazarene...). Déjà, Celtic Frost s'orientait plus glam-rock et le synthé faisait irruption chez de nombreuses formations... Mais l'explosion commerciale d'après 1995 a surtout bénéficié aux groupes faisant des concessions de toutes parts (Cradle of Filth, Dimmu Borgir pour les plus célèbres). Ces derniers y perdent sûrement en intégrité : technique et son impeccables, ligne de chant féminin, synthé dégoulinant de partout... Mais c'est notre débat suivant...

Le black est-il toujours UNDERGROUND ?

satan Honnis et rebelle, le BM originel est resté ultra confidentiel de longues années, contrairement au death metal, devenu vite populaire, peut-être en raison d'une image moins " chargée ". Les gros mag' descendent tout ce qui se fait dans l'UG : je me souviens d'une chronique de Battles in the North d'Immortal nous expliquant que la Norvège n'avait rien d'autre à foutre que de s'occuper de ses corbeaux et de ses démons, et le couperet du scribouillard était tombé : " NASE ! "). Au mieux, l'un d'entre eux consacre quelques cm² de papier, les " brutal tendencies "... Black-out du côté des grosses radios...Tant mieux, le public reste élitiste et n'est pas pollué par les modes. La scène s'organise tout de même et les plus gros comme Venom drainent déjà une audience conséquente, toute proportion gardée avec le grand frère heavy metal ! Puis les années 1990 voient l'audience du métal dégringoler. Dans ce contexte défavorable, le black va connaître au contraire un " revival " en 1992 / 93 avec Darkthrone, Burzum, Immortal... Quand l'aile symphonique du B.M. décide de déchirer le voile de l'underground, Craddle of Filth avec son Dusk and her embrace sorti en 1996 et Dimmu Borgir avec Enthroned darkness triumphant en 1997 révèlent le B.M. à la face (interloquée) du monde ! Et là, la machine B.M. s'emballe, croissant avec démesure, dans tous les pays, engendrant les meilleurs productions en même temps que les pires merdes, expérimentant à tour de bras, mélangeant tous les styles. Il y eu même un obscur groupe, de sinistre mémoire, qui prétendait à faire du black'n'roll ! Les side-projects fleurissent, des " grands " se ramollissent (Rotting Christ, Dimmu Borgir...) ou partent en couille (Mayhem, Emperor). Le moindre petit rebelle à la mode oublie son idole Kurt Cobain et fonde dans sa cave un groupe aussi éphémère que sans conviction. Les gros mag' oubliant leurs appréhensions, accourent pour bouffer leur part, les labels et zines extrêmes les plus en vue n'ont d'autre choix que celui de se démocratiser... après avoir pleinement rempli leur rôle de lobbying en faveur de l'extrême UG des années durant... Avant de les critiquer pour ce qu'ils sont devenus, qu'ils soient tout de même remerciés pour services rendus ! La deuxième moitié des années 90' est donc celle de l'abâtardissement du B.M., amplifié par le trend général d'origine US qui relance le métal dans les années 2000... En réaction, les formations défendant l'esprit " old school " d'avant 1996 se qualifient de " true " et restent UG, comme aux débuts : le " no female voice, no keyboard" est la règle... Les " gros " ont percé, vendent et sont adulés comme des rock stars (séance de dédicace de C.O.F. à la FNAC des Champs Elysée !!!)... Mais la scène black UG s'est recomposée : elle n'est pas morte, elle est même d'une richesse insoupçonnée !

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