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L'élitisme Dans Le BM Considéré Tel Un Art

Musique

"L'élite Black Métal; nous sommes les élites de cette société décadente; . . . ", voilà des expressions couramment utilisées dans tous les milieux extrêmes du Black Métal. Une certaine approche du phénomène un peu trop réductrice que je ne considère, ni erronée, ni justifiée. Lorsque l'on m'a proposé la teneur du sujet, la même personne m'en a, quelques temps après, donnée une très bonne définition dont je reproduis une partie: " L'élitisme est de toujours faire mieux que les autres, d'aller plus loin qu'eux . . . ". Elle résume parfaitement un point de vue que je partage dans son ensemble, le surpassement permanent de ses capacités et l'apprentissage incessant.
Il y a encore quelques mois de cela, je ne pensais pas que cette conception était de mise dans le Black Métal. Oui, je suis rentré dans l'U.G. assez tardivement pour divers et nombreuses raisons, il n'est pas nécessaire d'en faire les commentaires maintenant. Peu à peu, je me suis fait une opinion, qui n'est bien sûr pas arrêtée. La principale est cette découverte incessante de nouveaux groupes tous plus talentueux les uns que les autres, les quelques contacts que j'ai tissé avec des musiciens dont j'apprécie leur Art et leurs pensées. . . mais aussi le revers: les personnes envieuses d'une créativité qu'ils ne posséderont jamais, cette sorte de compétition malsaine au sein de l'underground alors qu'il devrait en être le contraire, le manque total de respect . . .
Je suis peut-être plus âgé que la plupart de ceux qui parcourent ces lignes, l'accès à l'information via le réseau Internet est ouvert pour n'importe qui (je devrais plutôt l'appeler la désinformation, qui est de loin, la plus importante en regard des autres médias), et pourtant j'ai une moins bonne connaissance des tréfonds abyssaux du métal (pour l'U.G., c'est certain), alors pourquoi je me permet d'écrire sur ce thème controversé de l'élitisme ? dont beaucoup le défende sur la base natale, socio-idéaux-musicale. . . . Cela me plait d'établir un constat sur des idées qui stagnent, préétablies. . . .

L'élitisme des pays nordiques (et germaniques) n'est plus (Et d'un: a-t-il jamais existé. . .) un mythe que nous, les métalleux en général, voulons bien conforter pour effacer un moment de nos esprits dans quel monde en perdition nous devons survivre et se donner un idéal. Je connais l'évolution pour être originaire de l'un d'eux et m'apercevoir de la décadence sévissant, comme partout. Le taux de chômage est le même qu'en France, le système de santé - social empreinte la voie vers le schéma américain où les aisés peuvent se faire soigner normalement et les "pauvres" sont réduits aux soins de rabais. Leur langage particulier et peu commun, s'est déjà beaucoup "enrichie" en anglicisme, d'ailleurs dans notre pays, et dans bien d'autres, il en est de même usage. . .
La sphère du métal se focalise principalement sur les contrées scandinaves, possédant certes d'excellents groupes, et sont considérées comme les élites en matière de création musicale extrême, si je ne m'abuse. Tout ce petit monde reste aux aguets dans l'attente de l'émergence d'une formation, un side-project répondant à leur critère d'élitisme. Mais en regardant correctement le chiffre de la population globale au sein de ces derniers, il est mis en évidence, en prenant l'exemple de la Finlande, que celle-ci est d'environ dix fois moins nombreuses que dans la France. Et même en dépit de ce "handicap", la tendance est largement inversée quand on voit la proportion de groupes finlandais reconnus internationalement. Les artistes - musiciens français n'ont-ils pas la créativité de l'Art Noir ? Je ne le pense absolument pas, seulement on se fout un peu trop de notre scène, qui a son élitisme aussi bien qu'ailleurs. J'utilise encore le mot "élitisme" ici, bien que je le trouve inapproprié (à tort ou à raison ?), de part ma vision de cette question complexe.

Il n'y a aucun doute sur le fait que le Black Métal se cantonne en des esprits libres, donc très restreints. Mais avant d'avoir atteint ce stade de liberté (qui est relative, dans notre monde civilisé actuel il n'est plus possible d'y tendre pleinement en vivant en communauté), il nécessite un long parcours intellectuel, voir spirituel si besoin, de plusieurs années afin d'arriver à une abnégation totale des principes, idéaux. . . régenté et inculqué par notre société; un travail fastidieux. Survient ensuite le temps de se forger au fer blanc ses propres valeurs, sa pensée . . . . individuelles qui fera de chacun ce qu'il aurait déjà dû être, une personne à part entière et unique. Voilà ce que je décrirais d'élitisme, en prenant pour première condition indispensable de réfléchir part soi-même, d'avoir ses propres opinions et pas celles empruntées aux politiciens, aux religieux du coin. . . ou aux philosophes du siècle dernier, après s'ajoutent les qualités, et les défauts, fondamentaux dont tout le monde possède de nature.
Mais évidemment, les personnes mis en marge sont rejetés par cette masse stupide, élevée par la culture télévision - "de supermarché" qui ne les comprend pas. Ainsi, vient le retour de l'ancien cercle: ignorance résultante: la crainte.

Un aspect de ces mots "élite" et "élitisme", de même la définition dont le terme provient de "elit", un ancien participe passé du verbe élire, me laisse à songer sur la réelle motivation des groupes et personnes l'employant vers certaines fins. L'élite se doit de répondre à des critères non négligeables pour être considérée, élue ou plutôt dans ce cas-ci autoproclamée, comme telle. Il en deviendrait presque de l'arrogance car quiconque peut se définir l'élite de son mouvement, que ce soit en True Black Métal, BM sataniste, NSBM . . . sur des normes développées par le chemin de leur propre conception de l'élitisme, incluant des idées politiques, religieuses, les deux à la fois et en bannissant certains autres comme l'alcool, le sexe . . .
Je me pose aussi la question si "élite" n'ai pas devenue comme une marque de fabrique et, peut-être, dans l'esprit de certain un gage de qualité. Récemment, j'ai vu un mcd dont le livret est signé du sceau "Elitist Black Metal". Soit, si les artistes veulent se démarquer par cette reconnaissance visuelle de prime abord, cela c'est toujours fait, seul reste à juger de la valeur de ces "autoproclamés musiciens", qui après est bien évidemment à la liberté de chacun.

Mais en fin de compte, qui sont vraiment les élites, et l'élitisme du mouvement ? Ce sont les musiciens et groupes qui se démènent pour continuer contre tout de sortir leurs ?uvres, sans ou peu de moyens financiers, uniquement animés par leur passion, nous donner la joie de les voir en concerts. Ce sont également ces acteurs de l'ombre servant la cause pour faire vivre l'U.G. . . . Et ce ne sont sûrement pas ceux restant cloîtrés et refaisant le monde, se targuant de leur supériorité seulement par le moyen du BM et, en même temps, ne contribuant en rien dans la recherche de sa survie. Pour terminer, j'ai lu une sorte d'article bien amusant sur Internet, on trouve de ces conneries, il relatait que par le fait d'écouter du True BM et de connaître deux trois noms de formations culte et U.G., la personne était dans les rangs de l'élite de la société. . . très étrange, ce raisonnement me fait penser à de la schizophrénie. . .
J'écris ces lignes mais je ne me revendique aucunement d'appartenance d'une quelconque élite.

Cette question de l'élitisme est sans fin, chacun le voit et le vit à sa manière, il y aurait autant de "forme d'élitisme" que d'individus maîtres de leurs actes et ?uvrant en tout état de cause, et bien sûr sincèrement. Cette volonté de surpassement, de pseudo-liberté, d'individualité est en soi-même. Nombreux ne la trouveront pas car ils croient l'avoir déjà, alors qu'ils ne se sont fabriqués qu'une illusion qui les arrangent très bien.

Kalhmah-Valta, janv 04