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La mort de l'artiste dans le métal...

Musique

Il en est d'être libre-parleur comme il en fut un temps d'être libre-penseur. Ca réveille les fâcheux, semble-t-il... C'est donc avec une immense joie, celle de perturber les cerveaux constipés, que j'ajouterai en ces lignes une pierre ornementale au magnifique édifice bâti précedemment par le sire Maldoror. Ce dernier flagellait hier avec un admirable à propos le R'n'B contemporain ; aujourd'hui, c'est à moi d'exhiber fièrement mon martinet à clous pour en battre sauvagement l'arrière train de certains pontes du « music-business » qui, non contents de découvrir chaque jour des « talents » de plus en plus contestables, planifient depuis quelques années l'élimination d'une espèce dont nous avons pourtant bien besoin : l'artiste. Il fut peut-être un temps où le génie faisait le succès ; de nos jours, ce serait plutôt le succès qui ferait le génie. La bonne fortune, au propre et au figuré, de programmes de « real TV » bien démago, où l'on assiste au spectacle désolant de la fabrication sur mesure de « stars» jetables, à qui l'on donne, l'espace d'une petite année, l'impression illusoire « d'en être », est un signe qui devrait nous alarmer: la musique est de moins en moins une affaire de création artistique. Les vedettes de demain sont produites à la chaîne et obéissent aux lois souveraines du marketing. Conséquence(s) ? Les programmations radio et TV sont le fruit d'une concertation digne d'un roman de Kafka. Des hommes d'affaire, mélomanes comme ma grand-mère est pilote de chasse, testent le potentiel commercial de leurs nouvelles découvertes auprès d'une populace pour qui la musique n'est jamais plus qu'un gadget, qu'un faire-valoir trendy, qu'un doux sirop lénifiant, tout juste bon à stimuler mollement le cerveau reptilien de quelques teenagers. Encore que la plastique des « artistes » en question pourrait seule mettre en branle les mécanismes subtils du « jugement esthétique »...Les premières victimes de cette arnaque, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne sont jamais les consommateurs, puisque de toutes manière l'art leur est indifférent et qu'il n'existe que dès lors qu'il est consommable, donc dégradable. C'est comme pour les ordinateurs : après obsolescence, on change de modèle. Les artistes par contre, les vrais tout autant que les faux, à qui l'on ment, sont les dindons de cette mauvaise farce lorsqu'ils n'ont pas la chance de profiter d'une promotion ad hoc, ou qu'ils deviennent eux-mêmes victimes du système qui les a engendré. Acta est fabula ...Il n'y a que peu de solutions à apporter à ce désastre. Les amoureux de musique doivent continuer à trier le bon grain de l'ivraie, à soutenir les talents qui souquent ferme, à échanger leurs trouvailles. Les artistes, quant à eux, sont conviés à un difficile labeur. Ils auront tous à redoubler d'effort pour proposer au monde des œuvres si monumentales qu'elles en deviendront indispensables... même au « music-business » ! Bon courage à tous !

K