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Le christianisme et sa pudibonderie hypocrite

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Religion

Pour tout croyant, la tâche principale de l'existence est l'adoration du concept fantaisiste de dieu ce qui, souvent, entraine la soumission béate à une clique de charlatans. La quête des plaisirs ou celle, plus incertaine et risquée, du bonheur, est à proscrire : en visant la satisfaction personnelle de l'individu, elle éloigne de l'obsession divine. Se nier soi-même, taire sa propre personnalité pour n'être plus qu'un sujet et n'exister qu'à travers le troupeau sont incompatibles avec la construction d'une identité dans laquelle l'individu ne serait pas un clone de son voisin. Comme se mirer dans une glace serait le premier pas vers un narcissisme idolâtre, le rigorisme et le dolorisme auxquels exhorte le christianisme ne peuvent supporter l'exhibition des corps. Le corps est laid, il est une invitation à la débauche et au contentement de soi, et sa vue n'est pas agréable aux héros de la mythologie chrétienne.

Les cheveux, bien sûr, constituent la première cible de la police chrétienne du vice et de la vertu avec la recommandation du port du voile (1 Cor 11, 5-6 et 1 Cor 11, 10). La pudeur vestimentaire ne s'y limite pas et s'étend à la coquetterie en (1 Pier 3, 3) : "Votre parure ne sera pas extérieure: ondulations des cheveux, bijoux d'or, élégance des toilettes; elle sera toute intérieure: une âme douce et paisible en son secret. Voila ce qui est précieux au regard de Dieu."

Malgré l'archaïsme du texte biblique, le puritanisme chrétien demeure bien vivace et, si le port de la mantille pour les femmes est de moins en moins fréquent (malgré les efforts de Bernadette Chirac), la visite de certaines églises est interdite aux touristes insuffisamment vêtu(e)s. Ne pas s'astreindre à supporter trop de tissu quand la chaleur est excessive, par simple commodité ou par coquetterie, n'est pas acceptable aux yeux des machos qui ont fait de la religion leur métier. Une épaule découverte, une jambe nue, et c'est la porte close. Si la mesure vaut pour les hommes comme pour les femmes, ces dernières sont plus souvent confrontées à un refus de visite, manière de rappeler insidieusement qu'une tentatrice est tapie en chacune d'elle (cf. une visite à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris).

Pris dans les variantes orthodoxe et catholique du christianisme, deux exemples des névroses chrétiennes sur la libération du corps sont donnés à Arkadi (Grèce) et Barcelone (Espagne). Dans l'île de Crète, le monastère d'Arkadi est un des hauts lieux de la résistance à la colonisation ottomane. Du fait d'une longue présence en Crète (voir la page sur les mosquées de Réthymnon), les révoltes se multiplient contre les Turcs au XIXème siècle. En 1866, le siège du monastère d'Arkadi, dans lequel près d'un millier de Crétois se sont réfugiés, se termine par un carnage : les Grecs font eux-mêmes exploser la poudrière plutôt que se rendre. Aujourd'hui, le monastère est devenu une étape incontournable des circuits touristiques mais les conditions de visite demeurent strictes : un panneau indique que " Les visiteurs sont priés d'entrer dans le monastère en ayant une tenue correcte " et des paréos sont à la disposition des femmes insuffisamment habillées selon les critères des popes. L'intérieur de l'église est sans intérêt : un ramassis de bondieuseries comme les églises grecques ont l'habitude d'en accumuler.

Sur une autre rive de la Méditerranée, Barcelone peine à se libérer d'un lourd passif catholique. Les mois de juillet l'ont pourtant souvent aidé dans cette tâche : incendie de couvents en juillet 1835, incendie de nombreux édifices catholiques en juillet 1909 pendant la Semaine dite tragique (voir une série de cartes postales sur ces rebellions populaires contre l'alliance du sabre et du goupillon au service de la guerre du Rif) et destruction quasi complète de l'église Santa Maria del Mar le 19 juillet 1936, le lendemain de l'insurrection franquiste. La cathédrale de Barcelone n'a pas été affectée par ces mesures de salubrité publique en 1909 et persiste dans le puritanisme qui sera pourtant son cercueil. A l'entrée de l'édifice, une femme en uniforme est chargée de veiller au respect des règles vestimentaires en vigueur. La vigile est sans complaisance et les femmes trop légèrement vêtues sont renvoyées au bas des marches. Pas besoin d'un décolleté plongeant ou d'une mini jupe pour encourir les foudres de la Très Sainte Église Catholique et Apostolique Romaine : un simple débardeur qui laisse les épaules nues suffit à culpabiliser la pauvre touriste qui, si elle ne parle pas la langue de Cervantès, ne parvient que tardivement à comprendre sa faute.

Dans un remarquable exercice d'hypocrisie, l'argument toujours invoqué dans la dissimulation du corps est le respect du caractère sacré du lieu qui imposerait une tenue "décente", le même respect que celui qui devrait dissuader de représenter de façon divertissante certains moments de la vie du chef de bande pédophile Mahomet. Par contre, le respect de la mémoire des victimes du christianisme n'a jamais incliné l'Église à témoigner de la retenue dans ses exhortations, à bannir de ses temples toute expression de haine du progrès humain, à se détourner de l'apologie biblique du meurtre, etc. La pudibonderie chrétienne n'a pas pour simple activité d'apposer une feuille de vigne pour cacher l'instrument de la luxure. Elle est d'abord un écran de fumée destiné à masquer les crimes d'une religion dont la nocivité et la perversité sont attestées depuis des siècles.

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