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Manifestation contre les caricatures de Mahomet à Paris

caricature

Religion

"Pas de contradiction", tel fut le mot d'ordre qui a rassemblé plusieurs milliers de musulmans à Paris le 11 février contre les caricatures de Mahomet. "Pas de contradiction" mais en même temps, sur la même banderole, "liberté d'expression" : seul l'islam pense résoudre cette impossible équation. Alors que les manifestations de 2004 se limitaient à demander le port du hidjab à l'école, le défilé organisé par l'Union des Associations Musulmanes de Seine-Saint-Denis a marqué une étape plus avancée dans l'absolutisme islamique en n'étant qu'un gigantesque prêche. D'un bout à l'autre du cortège, ce ne furent que des exhortations autoritaires contre tout discours contestataire vis-à-vis de l'islam. Les deux principales ne souffrent, en effet, aucune contradiction : "Il n'y a pas d'autre dieu que Dieu et Mahomet est son prophète" (la chahada, en arabe), scandé hystériquement par des milliers de fanatiques pendant toute la durée de la manifestation, et le très basique "Allahou akbar" qui entraîne, sans faute, le ralliement de tous. Rien de tel que cet absolutisme pour expulser un énervement bien visible chez les manifestants.
Certains, plus pieux ou hallucinés que d'autres, vont plus loin et ont reproduit, sur le bitume parisien, les gesticulations agressives, les cris et les poings tendus souvent observés dans les démonstrations de force en Iran, à Gaza, au Liban, etc., au grand désarroi d'autres participants conscients de la mauvaise image qui allait en résulter. Mais une image désagréable n'est pas nécessairement une image fausse. Les visages masqués par le keffieh palestinien, ce noyau dur d'une vingtaine de jeunes fous d'Allah affichait une ressemblance nette avec le groupe de djihadistes du 19e arrondissement qui avait souvent été remarqué dans les manifestations de 2004. Emmenés par Farid Benyettou, aujourd'hui sous les verrous, certains avaient poursuivi leur activisme jusqu'en Irak pour participer à la guerre sainte. Ceux présents ce 11 février en sont les copies conformes. Ainsi, le drapeau vert d'un islam conquérant, avec son épée et la chahada, qui est aussi celui de l'Arabie Saoudite, a cheminé de la place de la République à celle de la Nation, porté haut par ce groupe compact et agité. Et le prêche qu'un des leurs a délivré à l'issue de la manifestation a piteusement illustré leur pauvreté intellectuelle : le Coran suffit à l'existence, ils en ont l'agressive détermination.
Mais la voix des musulmans porterait peu si elle ne s'appuyait sur d'autres, à l'autorité plus pesante : Jacques Chirac, Dominique De Villepin, François Bayrou et Mgr Stanislas Lalanne, secrétaire général de la Conférence des Evêques de France, ont vu leurs déclarations sur le respect des croyances fort opportunément citées. Il y a péril en la demeure quand le discours du monde politique est directement utile aux visées des fanatiques religieux. Quant à Mgr Lalanne, son concours est lui aussi très précieux puisque, en échange, l'interdiction de la contradiction ne s'applique pas seulement au gourou Mahomet mais s'étend aussi aux fondateurs mythiques des deux autres monothéismes, Jésus, Moïse et Ibrahim (Abraham). Un bel œcuménisme contre la liberté de pensée car, derrière la liberté d'expression, c'est toujours la pensée que les religions souhaitent régenter.
Si les propos des manifestants ont affiché un énervement certain, les errements observés dans le cortège n'ont pas été différents de ceux observés en 2004 : femmes complètement voilées sans même laisser paraître les yeux, croyants faisant la prière où qu'ils se trouvent à l'heure requise (pelouses des places de la République et de la Nation, morceau de trottoir devant une bouche de métro, espace réduit entre un arbre et une poubelle), mains tendues brandissant compulsivement un Coran qui fait l'économie d'une pensée novatrice et progressiste (on ne saurait mieux intimer aux infidèles l'ordre de se taire). Et c'est avec amusement qu'a pu être entendu un groupe d'adolescentes voilées criant avec une touchante sincérité : "Assez, assez, touchez pas au bien-aimé". Le Beau modèle inspire l'amour. Ce qui n'est pas sans rappeler l'amour filial qui unit les religieuses catholiques à Jésus... Mais l'islam n'est pas seulement amour, il serait aussi paix et démocratie : qu'il soit encore nécessaire de le rappeler sur une pancarte, après 1400 ans de djihad, montre le peu de crédit qu'on doive accorder à ce pieux révisionnisme de textes haineux et d'une histoire sanglante.
Pourtant, il est une constante dans l'islam, c'est l'exécration des juifs et le défilé n'y a pas fait exception. Bien sûr, aucun slogan officiel en ce sens, aucune pancarte, aucune banderole, Moïse y semble aussi chéri que Jésus, mais l'observation et l'écoute des militants de l'islam politique confirme que le juif demeure l'ennemi irréductible. Ce fut d'abord, place de la République, les éructations d'un homme contre France Soir pour avoir publié les caricatures de Mahomet : "celui qui a publié les caricatures dans France Soir, il s'appelle François [sic] Lévy, cherchez l'origine..." (il s'agit en fait d'Arnaud Lévy, rédacteur en chef et adjoint au directeur de la rédaction). Immédiatement, un membre de l'organisation s'approche de l'énergumène et l'éloigne des micros qui avaient recueilli son délire. Plus tard, place de la Nation, un vieil homme barbu vocifère contre les gouvernements arabes qui seraient de mauvais propagateurs de l'islam : "à mort les gouvernements arabes gouvernés par des juifs !" Peu après, des photographes de presse mitraillent les fachos déjà évoqués. Il n'en faut pas plus pour qu'un jeune homme demande à l'un d'eux si son agence de presse n'est pas contrôlée par des sionistes. Une dame, coquette et non voilée, renchérit. Misère de l'antisémitisme ordinaire...
Les femmes, très majoritairement voilées, étaient effectivement présentes mais en nombre bien moins important que les mâles. Les sexes n'étant pas mélangés, elles ont été reléguées dans la deuxième partie du cortège alors qu'en 2004 elles étaient mises en avant, et prudemment encadrées, comme autant de martyrs. Dans la rue comme à la prière, la place de la femme est derrière l'homme, le chef. Cette séparation des sexes a d'ailleurs été ordonnée dès le début par un des jeunes fachos, armé d'un mégaphone qui donnait d'autant plus d'autorité à ce qui passait comme une décision marquée du sceau de l'islam. Deux adolescents avaient acquiescé : "c'est pas de l'intégrisme, c'est normal".
La manifestation contre les caricatures de Mahomet fut donc une véritable démonstration de force d'un islam intolérant, autoritaire et conquérant. La progression rapide d'un cortège entraîné par des croyants exaltés, l'agressivité d'imprécations viriles, la place secondaire accordée aux femmes, la haine persistante des juifs, éternels boucs émissaires de l'incapacité de l'islam à fonder un monde juste et égalitaire, autant d'éléments qui ont présenté l'islam dans son inséparable dangerosité et sa dramatique arriération. Les fanatiques, en réclamant une loi pour punir l'islamophobie, qui n'est pourtant que le simple rejet de l'islam en tant que système de pensée totalitaire, n'ont pas dit leur dernier mot pour le retour du délit de blasphème.
Contre cela la solution est simple, encore faut-il la mener avec courage : redynamiser le combat antifasciste et laïque. Avec une condition préalable : montrer un minimum de lucidité pour ne pas se laisser abuser par l'amalgame malhonnête pratiqué par le MRAP, tendance Mouloud Aounit, et consorts pour lesquels la critique de l'islam relèverait du racisme. Hier, une partie de la gauche persistait à demeurer sourde et aveugle devant la nature oppressive du régime des soviets, aujourd'hui, l'islam a remplacé les anciennes illusions. Combattre le fanatisme religieux implique, d'abord, d'avoir mené à son terme cette clarification.

ATHEISME.ORG - 13 FEVRIER 2006