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L'association Soleil Noir répond au déferlement médiatique

Société

Suite à l'agression dont l'association suisse romande Soleil Noir a été victime samedi 14 octobre à Fribourg où devait se dérouler le concert du groupe Camerata Mediolanense, une polémique est née autour de cette agression par un groupuscule anti-fa qui a revendiqué l'agression, et fustigé le groupe et l'asso en les accusant d'être liés au milieu neo-nazi, accusations faciles et gratuites, dont la presse s'est emparée sans chercher à creuser, se mettant plutôt du côté des agresseurs... N'arrivant à faire passer son communiqué par voie de presse qui préfère la polémique facile à la réalité, le communiqué de Soleil Noir est ici reproduit dans son intégralité.

"Depuis sa création, Soleil Noir s'est toujours explicitement distancié de toute idéologie passée, présente ou future. Sa nature apolitique et strictement culturelle figure dans ses statuts. Aucun des membres de SoleilNoir n'a jamais eu aucune activité de nature politique ou idéologique. Nous avons a plusieurs reprise affirmé et réaffirmé notre mépris pour la chose politique, la nature strictement culturelle et musicale de nos intérêts et de nos activités, destinées à un petit cercle d'amateurs cultivés et non-violents. Celles-ci n'ont jamais donné lieu au moindre débordement de quelque nature que ce soit. La plupart des concerts par nous organisé se sont tenu dans un lieu dont le propriétaire est bien connu dans les milieux de la gauche antimilitariste et anarchiste. Celui-ci, pas davantage que nous-mêmes, n'aurait jamais toléré le moindre signe, livre, geste, etc., interdit dans ses murs. La musique que nous défendions à travers SoleilNoir est de nature essentiellement acoustique, contemplative, mélancolique, d'inspiration «folk», médiévale ou classique, ambiante et toujours mélodique. Elle ne saurait attirer un public de skinhead.

On nous reproche notamment l'utilisation d'un symbole connoté de par son association avec un régime. Sur notre site figure depuis le début une explication claire à ce sujet, encore reprise et développée par la suite:

«La roue solaire, sous ses différentes formes, est un symbole presque universellement répandu, dont l'origine se perd littéralement dans la nuit des temps... Le modèle que nous utilisons est le modèle le plus classique de fibule franco-alémane, dont des dizaines d'exemplaires ont été découverts par les archéologues. C'est précisément la raison pour laquelle il a également été marginalement utilisé par des groupes mystiques au début du siècle passé et jusque sous le IIIe Reich... Pour autant, deux décennies d'usage malheureux ne sauraient annihiler la valeur d'un signe sacré entre tous, qui mérite d'être réhabilité.»

Aujourd'hui, alors que nous-mêmes, le groupe Camerata Mediolanense et le bar «Elvis et Moi» avons été victimes d'une agression inqualifiable de la part d'un groupuscule d'extrémistes organisés et violents pour qui nous étions des cibles faciles, c'est nous qui nous retrouvons sur le banc des accusés, et sommes contraints de nous défendre et de nous justifier. La presse s'intéresse à nous, qui avons toujours agis à visage découvert parce que nous n'avons jamais rien eu à cacher, bien davantage qu'aux casseurs, qui demeurent introuvables et ne seront probablement jamais inquiétés. Elle justifie ainsi sans l'avouer les actes barbares qui se sont déroulés samedi soir à Fribourg. Elle donne raison et parachève l'œuvre de ces voyous, qui se voient confortés dans leur impunité. Nous n'aurions pas cédé devant la violence physique, mais nous ne pouvons tenir tête à la curée médiatique dont nous sommes victimes, dont les conséquences tant privées que professionnelles sont incalculables. Les casseurs peuvent jubiler, ils ont gagné.

La situation nous amène à nous poser quelques questions :

Pourquoi aucun/e des journalistes qui ces derniers jours ont consacré tant de lignes ou de temps d'antenne à SoleilNoir ne s'est intéressé d'un peu plus près aux milieu autonomistes bernois qui ont revendiqué l'attaque ? Paresse, trouille, sympathie, un peu des trois ?

Pourquoi le site web de SoleilNoir fait-il l'objet de tant d'intérêt, alors que personne, jamais, n'a jusqu'ici ne serait-ce que mentionné celui d'Indymedia, qui publie jour après jour les menaces et les communiqués triomphants des agresseurs ?

Comment les affirmations péremptoires d'une source aussi clairement située politiquement que M. Hans Stutz, militant d'extrême-gauche mais systématiquement présenté dans les médias comme un observateur professionnel, neutre et fiable, peuvent-elles être prises pour paroles d'évangile, alors que toutes celles qui viendraient les contredire sont tout aussi systématiquement considérées avec suspicion, voire rejetées d'emblée ? Comment par exemple est-il possible qu'aucun des nombreux journalistes à qui nous avons parlé ces derniers jours n'avait jamais fait l'effort d'écouter ne serait-ce qu'un seul morceau de Camerata Mediolanense ?

Comment peut-on parler de «règlement de comptes» alors que nous n'avons jamais attaqué, ni physiquement ni verbalement, ni explicitement ni implicitement, ni appelé à la violence envers qui que ce soit ?

Comment peut-on en arriver à détruire des individus en associant leurs noms au nazisme ou à l'extrémisme politique alors qu'ils s'en sont toujours explicitement distanciés ?

Comment peut-on en arriver à ce qu'une victime de violence puisse se retrouver accusée de l'avoir «provoqué» par son « ambiguïté » ?

Comment peut-on en arriver à une situation où il vaut mieux être violent, dans l'illégalité la plus complète, mais ouvertement d'extrême-gauche, plutôt que pacifiques, innocents de tout acte illicite, mais soupçonné de sympathies pour l'extrême-droite ?

Qui sont les fachistes ? Et qui sont leurs complices ?

Dans quel monde vivons-nous ??

S.N./14.10.08

Soleil Noir, 14/10/08