La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

La Horde Noire : punk, nazis ou nihilistes ? Débat en 3 temps chez Zek

Société

Après le débat : "La Horde Noire est-elle homophobe ?" puis "sataniste", voici du neuf, que nous avons déclenchée en ouvrant nos pages aux écrits de Zek : le principal intéressé s'en est aperçu, surpris et flatté, et sa plume acidulée à ouvert le débat en 3 temps.

1er temps : LA HORDE NOIRE, webzine punk...

"J'adore les incongruités. C'est donc non sans un plaisir mêlé de surprise que je me suis retrouvé maître à penser (ou presque) d'un site punkoïde, moi qui ne sors jamais de Telemann et Vivaldi...

Ce qui est rafraîchissant dans cette histoire, c'est qu'on pourrait bien réunir une large coalition pour en finir avec le système d'extorsion généralisé. Parce que Black Sabbath, Motorhead, et autres pitreries sataniques, c'est pas ma tasse de thé (à l'exception de ces grands artistes que sont les colossaux AC/DC, maîtres dans l'art du dépouillement au point dévoquer Matisse ou Zurbaran). Je conseillerai à ces jeunes gens d'écouter la Course à l'abîme d'Hector Berlioz, en matière de musique dandye méphistophélique on a rarement fait mieux (quoique...il y a aussi Hagen...et Carmen..).

Bref, des goûts et des couleurs, ça ne se discute pas (sauf que je pense que ça se discute, mais on en reparlera plus tard), mais il est clair qu'un nombre toujours croissants de tribus qui n'ont pas grand chose en commun étouffent et ont envie de donner un grand coup de balai: maghrébins laïques, cathos traditionalistes, punks, rescapés des banlieues rouges, abonnés au temps partiel, royalistes blasés, professions libérales, petits agriculteurs, écrivains parias, cadres de la fonction publique ligotés par la syndicratie, la france des exclus se décline à tous les modes et à tous les goûts. Comment fédérer ce beau monde pour balayer la gauchocratie et l'énarchie, voilà un beau casse-tête !"

[Zek's blog, 25 juin 04]

2ème temps : LA HORDE NOIRE, Webzine néo-nazi

25 juin 04: zek publie sur son blog : "Un expert (Mobius) m'écrit; j'avoue que je suis un peu largué..."

Cher Zek, le site qui t'as mis en "maître à penser" n'est pas un site Punkoide, mais de Black Métal, c'est à dire des nihilistes souvent cadré à droite et plus, un simple tour dans les chroniques montre des chroniques de Blessed In Sin (les joyeux drilles du cimetière de Carpentras) ou Kristallnacht qui se classe directement dans la case NSBM (National-Socialist Black Metal). De plus le nombre de "Hail", "Hailz" et assimilé sur le site, ne laisse plus aucun doute, c'est vraiment du "True" BM au niveau attitude
et Impaled Nazarene qui t'as motivé pour t'inscrire à Act-up et au MRAP y sont même interviewé:

"Vos nombreux problèmes rencontrés sont assez amusants, tu ne penses pas ? Ils sont relatés sur votre site Internet ! les masses parlent au sujet de I.N. ! Une mauvaise promotion est elle toujours bonne à prendre ? Pour exemple, considères ces co...rds de communistes à Paris qui hurlaient contre Total War-Winter War mais ne connaissant pas votre Histoire nationale, je pense...

- C'était si pathétique. Mais oui, n'importe quelle presse est une bonne presse. Personnellement je ne comprends pas comment quelqu'un peut-être communiste après que nous ayons vus sa chute. Les gens s'horrifient toujours à propos des atrocités du nazisme mais le fait est là, plus de personnes sont mortes au nom du communisme qu'au nom de l'idéologie nazie. Je peux FORTEMENT recommander un livre "Le Livre Noir Du Communisme", écrit par plusieurs auteurs. Une fois l'avoir lue, il doit te donner une idée claire de ce qu'est ce partie."

"Et la censure durant le concert de Mautauban !!! ah ah ! Ces stupides R.G. (une des polices internes secrètes française, telle que la D.S.T.) sont très bien connues pour rater leurs cibles : le massacre d'innocents semble un terrain si dangereux, une chasse aux sorcières contre le metal tandis que des musulmans fanatiques s'infiltrent pour construire et placer leurs bombes merdiques !!!

- C'était d'un putain de pathétique. Il y avait la police se trouvant au premier rang, pour voir si nous allions annoncer le mot Satan en live. Nous avons joués notre set, il y avait quelques skinheads dans l'audience qui ont commencés un combat de rue avec d'autres fans le show finie. Nous ne pouvions nous dégager du club comme la police et les ambulances occupaient toute la place. La France a l'air d'être toujours très amusante pour nous, c'est le moins à en dire. La ville était Mautauban, à propos."

je te conseille donc de transformer le "punkoide" en "black-métalleux", car le métalleux extrème n'est pas fan de Punk, parce que c'est de la musique de "faibles" et le socialisme classique caril fait du tort au forts (les Black-métalleux sont souvent fan de Nietzche)

NDR : Merci à MOEBIUS le conformiste, le gauchiste, le moraliste redresseur de torts pour son intervention stalinienne: à savoir sortir quelques phrases isolées pour jeter l'opprobe sur notre travail indépendant, alors que I.N. est libre de dire ce qu'il veut; noter qu'il est choquant pour Moebius de dénoncer les 120 millions de victimes du marxisme alors que les 6.5 millions de victimes nazies seules doivent servir d'étalon à son argumentation !!!

3ème temps: LA HORDE NOIRE, webzine black métal nihiliste

30 juin 04 : Zek est encore plus perplexe :" Un autre specialiste m'écrit, sous le pseudonyme ironique de Joe Dassin, le colosse de la variété française. Je pense que mon lecteur saura tout ce qu'il voulait savoir ou pas sur le metal, qu'il soit dark, black ou heavy; je me demande cependant si le chic "satanique" est vraiment structurant d'un point de vue musical. Quel rapport en effet entre la soupe glauque de Black Sabbath et des groupes plus musclés genre motorhead? J'aurais plutôt tendance à opposer le hard style "pop" genre Led zeppelin ou Black sabbath, qui me fait gerber, et le style "rock" à la AC/DC ou les meilleurs Deep Purple, que j'aime beaucoup plus. Maintenant que ça parle de gonzesses ou du Prince des Ténèbres me paraît un peu secondaire, c'est du flan comme la tenue "Tintin et le temple du Soleil" de Sun Ra:"

"Je viens de parcourir pour l'énième fois ton brillantissime blog, et de prendre la mesure par la même occasion du succès considérable que tu obtiens, bien malgré toi semble-t-il, de la part de ce site de " punks " qui n'en est pas vraiment un, puisqu'il s'agit d'un site portant sur le " Metal " au sens large du terme, avec une nette prédilection toutefois pour les styles dits " extrêmes ".
Je viens de prendre connaissance également du courrier qu'un de tes lecteurs t'a fait parvenir, dont je n'aurai pas à résumer le contenu puisqu'il figure sur la page d'accueil de ton stand de tir.

J'aimerais y apporter quelques menues précisions, en commençant d'abord par te dire que je suis moi-même fort friand d'?uvres dont " le site qui te cite " fait la promotion. Je considère que certaines parviennent même à un degré de perfection comparable à celui auquel Mozart, Schubert, Mahler ou Verdi ont su porter le Lied. J'aime Mozart, Schubert, Mahler, Verdi, et bien d'autres illustres génies, d'autant plus que je possède une formation classique, qui, sans faire de moi un éminent musicologue, m'a probablement inculqué quelques notions de bon goût (entendre une certaine capacité de hiérarchisation), et que j'ai eu la capacité de comprendre assez tôt, pendant cette adolescence navrante où je me désolais presque de ne pouvoir entrer en transe sur quelque rythme dance-floor, à quelle hauteur ces compositeurs (que mes semblables conchiaient au nom du sens de la fête) avaient su penser et produire leur ART. Je connais la musique et je l'aime ; je crois pouvoir affirmer qu'au point où j'en suis - où nous en sommes - elle constitue la seule consolation capable d'apaiser mes douleurs. Mais bien loin de ne posséder que des propriétés analgésiques (en cela on pourrait peut-être la comparer à la morphine administrée aux combattants), la musique dite " classique " est un peu la forge où je trempe l'acier de mes glaives. J'ai, contre notre univers d'égoutiers compatissants, ainsi que Dantec et sa " Bibliothèque de Combat ", ma Cdthèque de Campagne, faîte de Symphonies, de Concerti, de Messes et bien sûr de Requiem ; mais aussi d'albums de " Metal " (Heavy Metal " signifie d'ailleurs, un poil ironiquement d'ailleurs, " artillerie lourde ").

Qu'un grand nombre des " artistes " oeuvrant dans ce que votre correspondant appelle, selon son étiquette commerciale, " black metal ", soient de vulgaires petits nihilistes remuant avec leurs guitares l'immonde brouet des diverses utopies plus ou moins nationales (mais toujours socialistes) que notre belle Europe à su porter à ébullition dans sa géniale soupière, cela ne fait aucun doute. Qu'en France plus particulièrement, et sous l'influence d'un sinistre fils de baby-boomer scandinave reconverti en prophète de l'aryan-pride (Varg Vikernes pour ne pas le nommer), le black metal serve à propager les thèses d'Adolf Hitler, c'est également vrai (enfin quelquefois, mais encore trop souvent), et je le déplore. A ce titre, le site incriminé, que je suis allé visiter, n'est ni le pire, ni le meilleur. Si tu le souhaites, je peux t'en indiquer une foultitude de plus puants et rances (antisémitisme de latrines, anti-américanisme stupide, etc.). Le site dont tu parles, cher Zek, ne parle pas, au départ du moins, de politique mais de musique, et semble brasser une multitude d'idées disparates (quasiment autant qu'il compte de rédacteurs). Il a le mérite d'aborder son sujet avec une grande liberté, possédant un peu de cette flamme que l'on n'observe plus guère en France. En digressant ça et là, de façon trop souvent puérile, il fait cependant montre d'une amusante lucidité. Deux articles de la rubrique " Gueularium " en font foi : une analyse au vitriol du R'n'B décrite comme une musique " chiante " (on ne saurait mieux dire !) et une analyse pleine d'ironie, suivie de la délirante interview d'un concerné, des éventuels refoulements homosexuels présidant au goût pour le Hard Rock. Du tout bon, de l'anti-politiquement correct en barre, et en plus c'est drôle ! Certains articles sont, de surcroît, pointus et intéressants, d'autres par contre pourraient avoir été rédigés par un disciple de Maurras en pleine crise de palu ; enfin, quelques " perles " sont clairement le fait d'adolescents paumés. Bref, rien de nouveau sous le soleil. A vrai dire, il aurait été très étonnant qu'une bande de jeunes ayant passé plus d'une dizaine d'années la tête coincée dans les lessiveuses de l'Epuration Nazi-anale soient en mesure de proférer plus que quelques borborygmes réactifs?

La conclusion de ton correspondant est donc lapidaire : Nihilisme que tout cela !
Mais qu'avons-nous su proposer d'autre aux nouveaux-venus ?

Cher Zek, tu te moques justement, sans doutes, de l'éclatement progressif de la bonne pensée de gauche (de la contre-culture, voire même de l'anti-culture) au sein même des tribus dont elle a encouragé le développement au nom d'un néo-Rousseauisme mondain dont on observe aujourd'hui les miracles. Mais oublies-tu que la plupart des nouveaux-venus, dont un nombre sans cesse décroissant a vu le jour tandis que la vieille Mitte envoyait ses miliciens-philosophes et autres artistes-citoyens-vigilants évangéliser les quatre coins de France, sont nés dans des tribus ? Que le monde tribal est devenu, via l'idéologie du différentialisme égalitaire et de ses institutions, le biotope, l'état de nature dans laquelle nous mettons au monde nos enfants ? Nous sommes sortis hors de la Maison de l'Etre, comme le disait Heidegger, accompagnés de notre progéniture, et nous les avons perdus dans le bois. Qui sait quel ogre ils y trouveront ??
A ce titre, la publication sur un site de black metal d'une partie de tes écrits montre que parmi ces nihilistes se cachent quelques Petits Poucets. Que la tribu des black-métaleux et autres Gothiques, peut-être pas si accidentellement que cela, car ils sont devenus depuis quelques années, les bêtes noires de l'Empire du Bien (ils ne s'habillent pas en rose, n'aiment pas forcément leur prochain, écoutent une musique agressive et sombre qui ne pousse pas particulièrement à fumer des pétards dans un esprit citoyen et festif), se réjouissent de tes thèses libérales et - oh! mon dieu je vais le dire - réacs, ne devrait pas te surprendre. Le racisme antiraciste, les bondieuseries humanitaires, la cool attitude, l'Art Subversif Subventionné par le sphincter de la Kultur, et j'en passe, cette grosse merde pseudo-républicaine s'est toujours empressée de cogner sur le " metal " avec au moins autant de force que sur Strauss et Wagner, et cela approximativement depuis qu'il est devenu politiquement criminel de ne pas militer en faveur des droits de l'homme et du socialisme " en chantant ". Le " Metal " pèche donc contre l'esprit de l'EFG pour les raisons suivantes :

- C'est une musique sans engagement à gauche, c'est à dire, une musique qui n'en a que faire des sacro-saints " problèmes de société ". 80 % du temps, les musiciens en sont même à ne parler dans leurs chansons puériles que de dragons et de chevaliers, et il faut bien dire que ça ne fait pas beaucoup bander Besancennot?
- C'est une musique qui nécessite très souvent un impressionnant bagage technique. Nombres de musiciens de Metal possèdent sur leur instrument la même dextérité que des membres d'orchestres classiques, produisant d'authentiques virtuoses (et quelques grands noms de la guitare, entre autres : Van Halen, Malmsteen, John Petrucci, Steve Vaï, Jason Baker, Patrick Rondat? je pourrais continuer pendant des siècles). Ce niveau d'exigence ne cadre pas vraiment avec les mythes contemporains du poète à ses heures, de l'art comme récréation festive, comme négation du travail et de la sueur.
- C'est une musique qui n'oublie pas ses racines. Les groupes de " metal " européens insistent très souvent sur la double filiation qui caractérise le mouvement artistique dans lequel ils s'inscrivent : tirant sa source du Rock n' Roll, et par delà, du Jazz et du Blues, le " metal ", c'est très net dès le milieu des années 80, se réclame également de l'influence de JS Bach et de quelques autres compositeurs baroques forcément très réactionnaires; à partir des années 90 en Scandinavie, et sous cette forme ultra expressive dénommée " black metal ", ce sont les romantiques et leurs successeurs qui sont quelquefois convoqués, en gros, de sales pangermanistes. Et quand on sait qu'en plus, la majorité des musiciens de " metal ", à quelques notables exceptions, sont blancs, mâles, et occidentaux?
- Et surtout, on touche le fond du problème, le " metal " a commis le crime impardonnable de démasquer le criminel qui se cache derrière toute chemise à fleur. En plus, par accident peut-être, il a l'audace de faire sans cesse référence à l'imaginaire judéo-chrétien (quand ce n'est pas à l'antiquité), et d'interroger les catégories transcendantes que notre Etat Bienveillant des Bienheureux pensait avoir éradiqué.

C'est donc par une ruse du nihilisme, il me semble, que le " metal " parvient à produire de rares chefs d'?uvres par lesquels ses auditeurs entrevoient peut-être aujourd'hui d'autres horizons, d'autres valeurs, que ceux et celles proposés par l'Internationale des Saltimbanques Kolkhoziens : l'excellence, le dépassement, le sublime, le divin pourquoi pas.

Ainsi, et afin de progresser plus avant, je narrerai brièvement quelques circonstances d'une soirée où, attendant des amis qui ne vinrent que bien plus tard, je m'entretins " musique " avec un pilier de bistrot pour une fois pas trop aviné, mais tout à fait représentatif de notre population d'anticléricaux décérébrés, qui me confia dans un demi-sourire que le " metal ", il aimait pas, parce que ça parlait que de choses mystiques? Il était bien brave, pourtant ; il sentait à peine l'alcool, et alignait jusqu'à deux phrases sans citer Claire Chazal. Vraisemblablement, il savait de quoi il causait?.
Et en effet, le " metal " semble nourrir l'obsession du mysticisme, au début sous l'angle du New-Age tourné en dérision (n'oublions pas que le premier groupe de Metal, sarcastiquement nommé Black Sabbath pour effrayer les festivaliers de Woodstock, n'est jamais qu'un pur produit de la contre-culture hippie, même s'il en est un produit de réaction), voire, plus tard, sous la forme d'une prose antireligieuse qui ne cessera de s'enhardir, mais qui se distinguera pourtant des discours laïcards de nos Brave New Worlds en ce qu'elle se tournera toujours plus vers le monde invisible. Vers le diable surtout. Mais avant de proférer l'anathème accusatoire du nihilisme, songez-y : à quelle figure transcendante des génies comme Baudelaire, Isidore Ducasse, Barbey, Huysmans et j'en passe, les deux pieds solidement enfoncés dans la fange pharisienne de la bourgeoisie post-impériale, ont-ils adressé leurs premières prières d'écrivains ? A quelle porte frappe-t-on quand Dieu est en train de se cuiter à mort ?
L'apparition du " Metal ", au début des années 70s, est donc ce moment, jubilatoire entre tous, où des hippies démasquent par l'ironie (qui n'est jamais qu'un renversement de perspective) d'autres hippies. L'irruption du metal puis du punk après lui dans le paysage musical sont en quelque sorte les deux instants clefs, les deux éclairs artistiques qui permettent à la contre-culture des années 60 d'élaborer son programme non plus de cette manière souterraine que nous ne connaissons que trop bien (le culte des victimes, les psychoses compassionnelles, la fête comme production ultime de l'esprit, etc.), mais comme nihilisme actif, potentiellement créateur de valeurs (et éminemment dangereux comme nous le verrons par la suite).
Plus de pâquerettes donc, plus de clones Christiques en lieu et place de chanteur, plus d'appel à la Paix Narco-gauchiste et à la Grande Partouze des Peuples. Désormais on donne un nom de guerre à son groupe, on inscrit en lettres de feu les intentions objectives de la Révolution Culturelle Occidentale ; en vérité, on fait un beau croc-en-jambe à ces couillons de fleuristes new-age qui pensaient pouvoir déguster leur " vouloir rien " sur une nappe en peau de chèvre. Et l'on découvre, par la même occasion, que sous la peau de chèvre se planquait une kalachnikov, qu'on avait creusé des silos à missile sur le Larzac.

BLACK SABBATH
JUDAS PRIEST
MOTORHEAD
puis
SATAN
WARLOCK, quand ce n'est pas WARLORD
SLAYER
? et j'en passe, et des meilleurs ; bien sûr ça ne s'arrange pas avec le temps?

Les patronymes parlent d'eux-mêmes. Le programme hippie de dévolution enfin dévoilé ! Les ligues de vertu en cauchemardent encore. Mais comme vous vous en doutez, il advint du " metal " et du " punk " comme de tout " mouvement contestataire " dans le Meilleur des Mondes Possibles, selon le mécanisme admirablement bien décrit à gauche par les situationnistes, à droite par un Philippe Muray par exemple, si ce n'est que le punk, n'étant pas un genre mais une posture, vint ponctuellement purger, un peu comme un principe de sélection (par la crasse - un principe adéquat à l'heure du monde inversé), ce qui, dans le rock et surtout le " metal ", lorgnait vers le pompier. Et il faut bien admettre qu'à l'exception de quelques ?uvres, le " metal ", dans les années 80, c'est un peu le grand guignol? Bah! ça a son charme?

Cela dit, on ne peut pas, dans l'histoire du " metal ", occulter sa prodigieuse fécondité, quasi métastasique (mais c'est le propre de l'art de prévoir à l'avance le destin des univers qui l'enfantent?), la tension " performative " qui fonde son devenir (toujours plus vite, toujours plus fort, toujours plus intense et plus expressif, avec comme repoussoir terminal le bruit) ; toutefois, la période allant de la fin des années 70 aux années 90 n'est pas forcément très intéressante ; on pourrait la décrire, au mieux, comme une " course aux armements ". Si l'art ne peut se concevoir, comme nous l'avons trop souvent vu durant notre siècle pourri jusqu'à l'os, sans transcendance (ou sans proclamer sa perte, sur le mode tragique), il faudra attendre le crépuscule du millénaire pour revoir apparaître le mirage du sacré, de la splendeur et du mystère, dans le désert artistique d'un genre totalement anéanti par dix ans de spectaculaire beauf au service de la subversion encadrée. C'est finalement de Scandinavie que descendront les ténèbres, de Norvège plus précisément. Puisque je n'ai aucune envie de relater par le menu les évènements tragiques et sanglants qui entourèrent la genèse d'un mode majeur d'expression musicale populaire (je précise bien) de l'Occident décadent, je vous renverrai à la page suivante http://www.metal-reference.com/blackmetalart.php ou au bouquin de Michael Moynihan, Lords of Chaos (en anglais), pas franchement transcendant dans ses analyses (l'auteur est un peu trop engoncé dans la méthodologie des " Sciences Humaines " ; de plus quelques pages sentent la naphtaline nationale-socialiste) mais tout de même intéressant, puisqu'y figurent les interviews des principaux protagonistes.
Les faits sont atroces, j'en conviens. Bien loin de moi l'idée de révérer les actes odieux d'une bande d'adolescents cramés du bulbe par quasiment cinquante ans de social-démocratie tyrannique, de féminisme castrateur, de christianisme AbbéPierriste, de Kultur pour tous et par tous. Pour ceux qui ne le sauraient pas, avant même notre beau pays, la Scandinavie est le poste avancé du " socialisme à visage humain " dont on subit la poire à lavement depuis plus de vingt ans (voire même 200?). Que des gosses de baby-boomers (un fils de diplomate, un fils d' " artistes ", en tous cas peu d'enfants de pêcheurs?) en soient arrivés à incendier quelques poignées d'églises, pour finalement s'entretuer à la mode de Littletown, n'étonnera que ceux qui ignorent quelle tératologie le post-modernisme nous a laissés en héritage. Ce qu'il convient d'observer en revanche : le " black metal ", conceptualisé et créé par une jeunesse ultra-décadente dont on peine à trouver l'équivalent sous nos latitudes si ce n'est dans les gangs hantant nos banlieues (mais dans ce dernier cas il leur manque ce reste de culture qui leur permettrait de produire un art digne de ce nom ; car excusez-moi, le rap et le r'n'b?) met au jour, démasque encore une fois, l'effrayant programme de destruction contenu dans la pensée dite " progressiste ". Et l'esthétise jusqu'à en faire l'expression la plus pure et la plus belle du désespoir au sein duquel se débattent les derniers-nés de l'Occident.

Il faut un art pour dire la décadence, comme il faut un roman pour dire l'impossibilité contemporaine du roman (selon l'expression de Muray). Un Buren ou un Manzoni, parmi d'autres histrions de l'art subventionné au service des non-valeurs post-soixante-huitardes, n'actualisent jamais qu'un programme de dévolution : la décadence terminale, lorsque même la décadence n'est plus possible, la mort cérébrale du parc humain, à travers l'édification d'un pâturage urbain à la mesure de désirs ignobles pour le premier, la réduction de l'homme à son sphincter pour le second. Tous ces sinistres " zartistes " subventionnés font du nihilisme passif comme on chantait il y a quelques siècles la louange du souverain ; le nihilisme tenant le sceptre, ne reste plus qu'à élever des " installations " à sa gloire, qu'à faire s'agiter quelques clowns en de vaines " performances "? Ouvrent-ils néanmoins, ces saltimbanques du néant, de nouvelles perspectives sur notre devenir ? Interrogent-ils les " valeurs ", auscultent-ils les " idoles " ? Aucunement : ils ne font que formuler un souhait, dont nous connaissons tous ici l'effroyable teneur? Le black metal, au contraire, retrouve cette capacité à sortir du cadre totalitaire de la pensée subversive (encouragée comme il se doit par les organes étatiques) en imaginant un modèle prenant certes racine sur le fumier de nos révolutions d'opérette (néo-tribalisme, culte de la transgression, cette idée surtout que la pratique de l'art est un mode de vie marginal auquel on se doit de donner la plus grande visibilité au moyen d'oripeaux tels que le maquillage, les fringues sinistres, les clous et les chaînes?) tout en se situant à contre-pied des canons esthétiques et éthiques de la cool-attitude et de la trash culture. Le black metal, c'est le moins que l'on puisse dire à la lecture de l'article vers lequel je t'ai dirigé, n'est pas très cool. Il s'éloigne tout autant des délires déconstructivistes et punkoïdes de notre belle époque en prenant résolument le parti du MAL, à l'heure où, paradoxe d'un inextinguible comique, la culture trash est toujours du bon côté (cf. Virginie Despentes et son " Baise-Moi "). Rien ne devrait moins nous étonner d'ailleurs : lorsque le BIEN devient la propriété exclusive d'un Big Brother qui, non content d'en avoir dissous tout le contenu transcendant pour le réduire à un réflexe Pavlovien, un geste citoyen de solidarité, prétend pouvoir intégrer toutes les révoltes passées et futures dans le sein de sa matrice horrifique, lorsque les prêtres même se font les complices souriants de l'oppression totalitaire-sympa, il n'y a plus qu'à se tourner vers le démon cornu, qu'à provoquer la colère du ciel.

Tout cela pourrait en rester à une version " hardcore " de pratiques new-age revues et corrigées par des disciples de Gilles de Rais, voire à ce que Léo Strauss décrit dans son ouvrage Nihilisme et Politique, lorsqu'il observe la manière dont le nihilisme nazi a su se répandre dans la société allemande en séduisant d'abord les jeunes ; toujours est-il que, le regard plongé dans la nuit, c'est à dire, nous le savons à présent, dans notre avenir, nos adorateurs du diable ont su contre toute attente ramener sur terre de vraies ?uvres d'art, des ?uvres qui parlent de nous, des chants de colère qui hurlent notre chute, figurant la distance quasi-irrémédiable nous séparant des hauteurs. La crasse, ce sont les rythmes épileptiques, les voix déchirantes, la production minimaliste, le satanisme, le crime ; les cimes, ce sont l'apparition de ch?urs d'une pureté troublante, de belles harmonies tristes empruntées aux compositeurs du XIXè, de constructions audacieuses rompant brutalement avec les canons de la chanson : le black metal, on le voit à ses fruits, n'est pas un mouvement punk de plus, mais la marche funèbre que l'homme européen interprète à l'occasion de son propre enterrement (on remarque d'ailleurs que les Etats Unis, ultime bastion de la réaction et forteresse de l'Occident, n'ont jamais été en mesure de produire un seul grand groupe de black metal ; pour cela, il faut chercher en Scandinavie, en Ukraine, en Grande Bretagne ou en France, chez les civilisés de la barbarie). Comme l'homme européen a de beaux restes, cette musique peut encore être sublime. Et si l'on n'y entend pas un tam-tam, pas une complainte cannabique, c'est parce que le black metal, c'est aussi un peu la contre-révolution menée avec le peu de moyens dont nous disposons, c'est à dire les ruines de notre tradition musicale (ayant totalement intégré le rock'n'roll, et cela dès le milieu du siècle, avec Elvis Presley et Jerry Lee Lewis, entre autres, et totalement désintégré l'héritage dit classique) contre l'idéologie du métissage obligatoire de la culture (et du reste). Le black metal est à ce titre farouchement occidentalocentriste. C'est pourquoi la gauche humanitaire le déteste, c'est pourquoi aussi les ligues de vigilance et de vertu citoyenne hésitent si peu à le décrire comme une musique fasciste (c'est aussi la raison pour laquelle ses sectateurs, souvent très idiots, tombent si facilement dans le piège des engagements mortifères).
Cette musique montre en tous cas que trois décennies de propagande totalitaire-cool, de destruction massive de la culture à coup de gaz euphorisant, n'ont pas suffit à asphyxier le génie artistique européen, qui, même réduit à vivre, comme les premiers chrétiens, dans les égouts de Rome, est encore en mesure de fabriquer des merveilles avec des déchets, tandis qu'autour de nous, les fonctionnaires de l'art et autres Komissaires de la Pensée Unique nous ordonnent de faire de la merde avec de l'or. Et bientôt de la merde avec de la merde.

Durant la rédaction de ce courrier, pour me donner un peu de c?ur à l'ouvrage, j'ai introduit dans mon lecteur de CD quelques ?uvres que ce satané libéralisme économique m'a permis de découvrir au milieu des années 90. Ces pépites ont été pressées par des labels dits " indépendants ", indépendants surtout du Nouvel Ordre Culturel Révisionniste, des lobbies pseudo-vertueux, de tous ce qui souhaiterait expurger le monde de sa violence, de sa saleté, de son sublime, de son tragique. Ainsi, je pourrais peut-être te suggérer de jeter une oreille attentive sur Anthems to the Welkin at Dusk du groupe Emperor, le chef d'?uvre du genre (peut-être le seul et l'unique au demeurant, même si toute la discographie de cette formation exceptionnelle, ne serait-ce que par le génie qui s'exprime à travers l'écriture de son compositeur principal, est recommandable); peut-être ensuite souhaiteras-tu t'aventurer plus avant dans ce monde souterrain.

De profundis, ad lucem."

NDR 1 :Zek n'aime pas le heavy metal ! Il est resté bloqué au rayon du rock, surement à cause de son age, mais il faut avouer qu'il a bon gout!

NDR2 :Merci à l'ami Joe Dassin pour avoir brillament rétabli la vérité sur le BM et LA HORDE NOIRE. Nos pages te sont ouvertes quand tu le souhaites !

Autocrator